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des cours en deuxième et en troisième année, dédoublement commandé par les nécessités de la discipline et par l’intérêt des études, car les cours réunis en deuxième et en troisième année comptaient alors plus de trois cents auditeurs; cette importante disposition ne put cependant être adoptée qu’à partir de 1864.

Depuis sa fondation jusqu’au concours de sortie de la présente année, l’École centrale a donné à l’industrie 4,054 ingénieurs, dont 552 étrangers. Ces chiffres correspondent aux élèves qui. L’ont quittée avec le diplôme d’ingénieur ou le certificat de capacité; le nombre total des élèves admis atteint aujourd’hui 7,266. Citer ces chiffres, c’est dire l’influence que l’École centrale a dû exercer sur la production française et sur nos rapports internationaux. Rappelons d’abord la part considérable que, depuis 1835, ses élèves ont prise à la création et à l’exploitation des chemins de fer français. Le conseil de l’École avait prévu et préparé pour eux ce champ d’activité en instituant, dès 1834, un cours spécial pour la construction des voies ferrées, le premier cours de ce genre qui ait été fait en Europe. En 1863, on comptait, parmi les anciens élèves de l’École centrale, 28 directeurs et ingénieurs en chef des chemins de fer, 79 ingénieurs principaux et 56 ingénieurs ordinaires. N’oublions pas ensuite les services rendus par cette pépinière du génie civil au moment où la conclusion des traités de commerce avec l’Angleterre et l’accession de la France au libre-échange fit naître la crainte que le pays ne fût pas prêt à soutenir la concurrence étrangère. Il est de tradition à l’École qu’elle a été surtout fondée pour préparer, par une forte éducation spéciale, les industriels français à passer sans secousse du régime de la protection illimitée à celui d’une protection sagement restreinte, « Si l’École centrale n’existait pas, disait à ce moment M. Michel Chevalier, il aurait fallu la créer comme complément nécessaire des traités de commerce. » Grâce au concours des ingénieurs de l’École centrale, la transformation de notre outillage industriel et son appropriation à la situation nouvelle qui était la conséquence des traités purent s’accomplir avec une rapidité inespérée et dans les meilleures conditions. « En 1863, dit M. de Comberousse, 124 maîtres de forges, 68 grands manufacturiers, 54 constructeurs de machines, 43 filateurs, 38 fabricans de produits chimiques, 37 agriculteurs, 35 entrepreneurs de travaux publics, 31 directeurs et propriétaires d’usines à gaz, 28 fabricans de sucre, 23 directeurs de cristalleries ou de verreries, 17 fabricans de papier, appliquaient aux luttes de l’industrie la sûreté de coup d’œil, l’énergie raisonnée et les connaissances scientifiques qu’ils devaient à l’École centrale, lis formaient comme l’élite de l’armée du travail et contribuèrent largement à épargner au pays une crise redoutable... »

Il s’agit aujourd’hui d’assurer définitivement l’avenir de cet établissement