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simplement une commission pour rechercher les moyens de fournir au roi un nouveau subside ; mais elle n’en fixa pas le chiffre, et la commission ne se pressa pas. Près de sept mois s’écoulèrent sans que l’assemblée votât aucune subvention ou se mît en mesure de renouveler le contrat de l’Hôtel de Ville. Les commissaires revinrent à la charge pour la quatrième fois, pressant la compagnie de conclure. L’archevêque se borna à leur répondre que la commission n’avait rien pu découvrir, en fait de ressources, qu’un nouvel impôt à mettre sur le clergé, déjà aux abois, et qui en consommerait la ruine. Les lenteurs continuèrent ; l’assemblée alléguait toujours quelque nouveau grief et signalait quelque nouvelle entreprise de l’autorité laïque sur les immunités ecclésiastiques. Elle protesta notamment contre un édit qui portait atteinte aux droits des juridictions seigneuriales dont le clergé de Paris était en possession, à savoir : la juridiction du chapitre de Notre-Dame, celle de l’abbaye de SaintVictor et celle de l’abbaye de Sainte-Geneviève ; enfin elle déclara formellement qu’elle ne voterait aucune allocation pécuniaire à l’état que l’édit ne fût rapporté. Mazarin recula devant un conflit qui pouvait ne pas tourner à l’avantage de son gouvernement, qui aurait au moins pour effet d’indisposer au dernier degré un corps qu’il travaillait à gagner par la persuasion. Malgré la perte que devait causer au trésor royal la révocation d’un édit dont l’intérêt fiscal avait été l’unique motif, il se résigna à subir les conditions que dictait l’assemblée. Il montra à l’égard du corps ecclésiastique une égale condescendance dans une affaire qui touchait encore de plus près aux immunités de l’église de France, car il s’agissait des droits de l’épiscopat.

René de Rieux, évêque de Léon, avait été destitué de son siège, en vertu d’une sentence rendue par une commission spéciale dont Richelieu avait obtenu du pape Urbain VIII la nomination. Compromis, ainsi que deux autres prélats, l’évêque d’Alby, Alphonse d’Elbenne, et l’évêque de Nîmes, Claude Thoiras, dans les intrigues et les conspirations de Marie de Médicis, René de Rieux, afin de se soustraire à un procès pour crime de lèse-majesté, avait suivi la reine mère en Flandre ; il y était demeuré. La commission spéciale avait été composée de prélats à la dévotion de Richelieu, de Robert de Barreaux, archevêque d’Arles, de Boutillier, coadjuteur de Tours, auparavant évêque de Boulogne, de Charles de Noailles, évêque de Saint-Flour, et de Séguier, évêque d’Auxerre, plus tard de Meaux, et frère du chancelier. On avait compté qu’effrayés de la procédure entamée contre eux, les trois évêques se hâteraient de donner leur démission afin d’arrêter les poursuites. Mais Claude Thoiras seul avait agi ainsi ; d’Elbenne s’enfuit en Italie, et René de Rieux, de sa retraite dans les Pays-Bas, n’avait cessé de pro-