Page:Revue des Deux Mondes - 1879 - tome 35.djvu/299

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Alexandre VII, successeur d’Innocent X et sur lequel Retz, qui avait fort contribué à son élection, comptait beaucoup, crut devoir apporter plus de circonspection à soutenir la personne de celui-ci, mais il n’en maintint pas moins le principe de l’indépendance épiscopale, que le gouvernement français avait quelque peu violé. Le clergé parisien, moins soutenu par Rome, commença à fléchir. La cour en profita pour mander le curé de Saint-Séverin, sous prétexte de conférer avec lui sur ce qu’il y avait à faire dans l’occurrence, en réalité pour le retenir et l’empêcher d’agir ; restait Chassebras, curé de la Madeleine, qui déployait un zèle incroyable pour les intérêts de son archevêque ; il attisait par ses menées l’opposition du clergé. En présence de ces agitations, le gouvernement jugea prudent de proroger l’ouverture de l’assemblée, du 25 mai au 25 août, et, comme les difficultés ne s’aplanissaient point, il la remit ensuite au 25 octobre et fit envoyer par les agens généraux de nouvelles lettres dans les diocèses pour justifier cette seconde prorogation. La mesure produisit un fâcheux effet. En ajournant ainsi la réunion de l’assemblée, le gouvernement voulait se donner le temps de s’assurer les bonnes dispositions du nouveau pape, représenté par l’ambassadeur de France à Rome comme moins favorable au cardinal de Retz que son prédécesseur. Un autre embarras était d’ailleurs né de l’obligation de réunir l’assemblée provinciale de Paris en l’absence du prélat qui avait qualité pour l’autoriser et la présider ; l’élection des députés de cette métropole n’avait pu avoir lieu en même temps que celle des mandataires des autres provinces ecclésiastiques. Et si l’on passait outre pour y procéder, on prévoyait des protestations, des désaveux ; il n’y avait que l’autorité pontificale qui pût en paralyser l’effet. Le roi n’était point de retour dans sa capitale ; il fallait au moins attendre sa présence, si l’on préférait recourir encore à l’intimidation. L’assemblée générale dut pourtant s’ouvrir à la fin, dans les derniers jours d’octobre, sans que les élections de la province de Paris eussent eu lieu, car on n’était point parvenu à s’entendre sur le mode suivant lequel on devait procéder à ces élections en l’absence de l’archevêque métropolitain.

Les séances de la compagnie se tinrent, comme c’était l’usage, au couvent des Grands-Augustins. Tout annonçait au début de cette session que les débats en seraient orageux, et en effet, les délibérations furent à peine ouvertes que l’évêque de Chartres souleva la question des élections de la province de Paris dans un rapport qui fut lu devant l’assemblée. La majorité du clergé parisien se refusait à reconnaître l’autorité du chapitre de Notre-Dame, qui avait pris l’administration du diocèse comme si le siège eût été vacant. Informé