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Page:Revue des Deux Mondes - 1879 - tome 35.djvu/85

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son grand ouvrage en cours de publication sur les Mosaïques chrétiennes des églises de Rome avant le XVe siècle[1], forment une encyclopédie qui semble dépasser les forces d’un seul homme ; mais on ne doit pas oublier ses autres travaux. Le même savant a fait sur l’archéologie classique un grand nombre d’excellens mémoires ; il connaît presque familièrement les manuscrits concernant le moyen âge romain que possède la bibliothèque Vaticane ; il est collaborateur actif de la grande publication française des œuvres de Borghesi et du Corpus de Berlin ; l’épigraphie et la topographie romaines comptent peu de maîtres aussi expérimentés. Son ample et riche talent est dans tout son essor ; il pourra grandir par l’accumulation croissante des informations, mais il ne saurait gagner en critique sûre et précise. Ce n’est pas seulement par ses écrits que M. de Rossi professe, c’est aussi par la parole, soit qu’il multiplie pour un auditoire sans cesse renouvelé, et aussi pour des élèves assidus, ses visites dans les catacombes, dans les galeries du Vatican et du Lateran[2], où ses démonstrations empruntent aux réalités présentes un si persuasif accent, — soit qu’à l’Académie naissante d’archéologie chrétienne groupée autour du respecté père Bruzza, il disserte sur les divers sujets mis à l’improviste en discussion, — soit enfin que, dans l’une des chaires libres instituées depuis un an par Léon XIII au palais Spada, il fasse devant un nombreux public de très attachantes leçons. En toutes ces occasions, il est le même : singulièrement riche de souvenirs et se donnant sans réserve, habile à discuter et à démontrer, précis et net, d’une critique puissante et droite, aussi remarquable professeur qu’écrivain. — M. de Rossi vient de donner un nouveau témoignage de la variété de ses connaissances. À l’occasion de la cinquantaine de l’Institut allemand de correspondance archéologique, dont il est membre depuis longtemps, il a publié en avril dernier un recueil de plans de Rome antérieurs au XVIe siècle ; il y a joint un volume in-quarto de texte interprétant ces plans figurés : autant d’élémens inappréciables pour qui veut étudier l’histoire monumentale de Rome.

Sur ce terrain difficile et attrayant, il s’est rencontré avec M. Müntz, qui recueillait au sujet des antiques monumens de Rome, du moins pour ce qui concerne le XVe siècle, de précieuses informations nouvelles,

  1. Musaici cristiani e saggi dei pavimenti delle chiese di Roma anteriori al secolo XV, tavole cromo-litografiche. Douze grandes mosaïques et plusieurs planches de pavemens en opus tessellatum, faussement appelé alexandrinum, ont déjà paru, avec un texte explicatif en italien et en français. Rome, Spithöver, 1872.
  2. Pourquoi la France conserve-t-elle seule cette orthographe barbare : Latran, pour désigner l’antique demeure de la famille des Laterani ? La seule raison de persévérer serait ce qu’on appelle l’usage ; mais pourquoi ne pas changer l’usage, si la forme est à vrai dire ridicule, et le changement très facile ?