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très plausible, de l’armement que dut affecter Denys l’Ancien à ses quinquérèmes. Lorsqu’au mois d’août 1752, une escadre de quatre galères commandée par le chevalier de Cernay reçut une mission analogue à celle qu’avait accomplie, au mois de mai 1720, le chevalier d’Orléans, fils naturel du régent, grand-prieur de France, abbé d’Hautevilliers et général des galères, de l’année 1716 à l’année 1748, une revue administrative eut lieu dans le port d’Antibes. Sur la galère la Reyne, destinée à transporter sa majesté l’infante duchesse de Parme, se trouvait alors embarqué, outre le chevalier de Cernay, chef d’escadre, le capitaine même de la galère, M. le chevalier de Glandevès. L’état-major se composait de 3 lieutenans et de 3 enseignes, de 3 écrivains ou commis, d’un aumônier, d’un chirurgien et de 17 gardes de la marine. L’équipage comprenait 33 officiers-mariniers, 5 tambours et hautbois, 73 matelots, 19 domestiques, 79 soldats, 11 pertuisaniers, 11 proyers ou mousses; la chiourme employait 403 rameurs — 303 forçats et 40 Turcs. — Fixé au chiffre de 665 hommes, l’effectif total de cette septirame était donc à peine inférieur à l’effectif de nos grandes frégates cuirassées : la Brave, la Hardie, la Duchesse, n’étaient que des quinquérames; 453 hommes, dont 266 forçats, occupaient les bancs de ces galères subtiles et en garnissaient les arbalétrières. Ainsi donc, on le voit, pour ramener de Gênes à Antibes Madame royale et sa suite, composée de quarante-neuf personnes, parmi lesquelles nous ne remarquerons pas sans quelque étonnement un médecin accoucheur et un chirurgien-dentiste, il ne fallut pas, en un temps où nos finances étaient loin d’être prospères, mettre en mouvement moins de deux mille trente hommes. C’est à peine si, aux jours de notre suprême richesse, on nous vit déployer plus de pompe lorsque nous envoyâmes, en l’année 1859, pour l’escorter de Gènes à Marseille, deux vaisseaux de quatre-vingt-dix et une frégate de cinquante-deux canons au-devant de la jeune princesse que nous confiait l’illustre maison de Savoie.

Quinquérèmes et vaisseaux à vapeur sont aujourd’hui de vieilles lunes. En 1752, les quinquérèmes chantaient leur chant du cygne et donnaient à regret leur dernier coup d’aviron. Les demi-galères, les galiotes à quinze bancs, ces trières modernes particulièrement chères aux barbaresques, survécurent quelque temps encore aux massives réales. A vrai dire, je crois qu’elles méritaient bien quelque peu de leur survivre. Tout aussi agiles et plus manœuvrantes, elles rendaient surtout à moins de frais les services qu’on avait conservé l’habitude de demander, en de rares occasions, aux galères. Qui sait si même, au point de vue du combat, la construction de la quinquérème et surtout celle de ses dérivées, l’octère et la décère, ne fut pas une faute? L’étude approfondie de la bataille