Page:Revue des Deux Mondes - 1879 - tome 35.djvu/906

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

produisent une évaporation active de l’humidité des parois; c’est ainsi qu’il arrive que, dans quelques mines, la température de l’air reste inférieure à la température moyenne qui règne à la surface (comme dans les carrières de Maestricht). L’échauffement dû, à la présence des ouvriers peut compenser cet effet dans une certaine mesure : on a calculé que dix ouvriers, munis chacun d’une lampe, pourraient échauffer de 1 degré l’air contenu dans une galerie de 4,650 mètres de longueur, ayant 2 mètres de haut sur 1 mètre de large. Quant aux eaux que l’on trouve dans les galeries, il est clair qu’elles ne peuvent en faire connaître la véritable température que si elles y ont séjourné quelque temps, car les eaux d’infiltration qui arrivent de la surface ou les eaux de source qui montent d’une certaine profondeur peuvent être ou plus chaudes ou plus froides que les roches qui leur livrent passage. Le plus sûr est donc de déposer les thermomètres dans des excavations pratiquées dans les parois de la mine; encore faut-il se placer dans l’angle du front de taille, c’est-à-dire choisir la roche fraîchement entamée, qui n’a pas encore eu le temps de se refroidir au contact de l’air. Cordier perçait des trous de 0m,65 ; Reich, qui organisa dans les mines de l’Erzgebirge un vaste ensemble d’observations, faisait forer la roche jusqu’à un mètre de profondeur; il se servait de thermomètres construits spécialement pour cet usage, dont la tige très longue dépassait l’orifice du trou, qu’on bouchait avec du sable. Ces expériences ont été poursuivies, de 1830 à 1832, dans vingt mines différentes, représentant une surface de plusieurs lieues carrées. Les thermomètres étaient échelonnés, autant que possible, sur une même ligne verticale, à des profondeurs variant de 20 à 350 mètres ; on en relevait les indications deux ou trois fois par semaine. La discussion de ces observations a donné 412 mètres pour la profondeur qui correspond à une augmentation de 1 degré centigrade[1]. Dans les mines de l’Oural, en Sibérie, Kupffer constata une augmentation bien plus rapide (1 degré pour 20 mètres), tandis que les observations faites dans les mines de la Prusse donnent un accroissement moyen beaucoup plus lent (1 degré pour 57 mètres, d’après Gerhard). Les résultats isolés présentent des divergences encore bien plus fortes. Il semble d’ailleurs prouvé que la chaleur s’accroît plus vite dans les houillères que dans les gisemens de métaux, dans les filons de cuivre plus que dans l’étain, dans les roches métallifères en général plus que dans les schistes, et dans ces derniers plus que dans le granit. Ces différences tiennent sans doute à la facilité plus ou moins grande avec laquelle ces terrains conduisent

  1. On ne compare que les observations faites à partir d’une certaine profondeur (20 mètres) où la température ne varie plus avec les saisons.