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Page:Revue des Deux Mondes - 1879 - tome 36.djvu/11

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LA
GENESE D'UN CHEF-D'OEUVRE

GOETHE ET FAUST

« Ce nom de Faust, quelle place ne tient-il pas dans l’histoire de l’esprit moderne ! À partir du XVe siècle, de quelque côté que votre curiosité se tourne, vous le retrouverez partout. De ces cinq lettres assemblées par le doigt du destin sur un échiquier, des montagnes d’œuvres sont sorties : récits populaires, drames, compilations littéraires et musicales, dessins, gravures et tableaux. Les bibliothèques, les musées, les salles de spectacle, ce nom a tout rempli, à ce point que voilà un héros légendaire qui, ici je m’en rapporte au catalogue des choses qu’il a suscitées, a déjà plus occupé le génie humain que n’ont fait les plus authentiques personnages de l’histoire. » Ces lignes, que nous imprimions ici même en 1869[1] nous reviennent aujourd’hui citées dans la préface de l’édition de M. de Loeper, la plus complète que l’Allemagne ait donnée du poème de Goethe[2] et prouvent du moins que nous ne nous trompions pas quand nous prédisions il y a dix ans une infinité d’évolutions à cette science nouvelle qui partout en Europe comme en Amérique va se propageant autour de Faust. La Divine Comédie fut ainsi au moyen âge une sorte de ruche universelle ; il fallait que le monde

  1. Voyez la Revue du 15 mars 1869.
  2. Faust, eine Tragödie von Goethe, mit Einleitung und erläuternden Anmerkungen, von G. von Loeper ; Berlin, 1879, Erster Theil, p. XLIV.