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CONTE PARISIEN

LA MARCHANDE DE JOURNUX

I


— Demandez les journaux du soir,… la Liberté,
La France

A cet appel sans cesse répété
Par la vieille marchande à la voix âpre et claire,
Je faisais halte au coin du faubourg populaire
Dont les vitres flambaient dans le soleil couchant,
Et prenais un journal pour le lire en marchant.
Ce n’est pas que je sois ardent en politique ;
Les révolutions rendent un peu sceptique ;
Mais, par vieille habitude et besoin machinal,
Je parcours volontiers, tous les soirs, un journal,
Pour savoir si l’on va changer ou non de maître,
Comme, avant de sortir, on voit le baromètre.

— Demandez les journaux,.. le Temps,.. le Moniteur

Et, prenant le paquet tout frais que le porteur
Lui jetait, en courant, dans sa pauvre boutique,
La bonne femme, active à servir la pratique,
Derrière un vasistas ouvert sur le trottoir,
Se démenait, cherchait des sous dans son tiroir
Et vendait, d’une humeur absolument égale,