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LA
REPUBLIQUE CONSTITUTIONNELLE
ET PARLEMENTAIRE

Après cette révolution de 1848 qui surprit presque également les vainqueurs et les vaincus, M. Thiers disait, dans une séance mémorable du parlement : « La république est le gouvernement qui nous divise le moins. » Si cela était vrai alors d’un gouvernement venu par un coup de force et emporté par un coup d’état, combien il a eu raison de le répéter à propos d’une république sortie bien moins d’une insurrection que d’une acclamation populaire, après l’effondrement de l’empire, et qui eut pour véritable origine le vote libre d’une assemblée librement élue, sous la nécessité patriotique, tristement peut-être, mais noblement acceptée, de donner enfin un gouvernement au pays ! Tant que cette république n’a eu qu’une existence provisoire, attendant le jugement définitif du parlement et du pays, on comprend que les compétitions et les luttes des partis en aient fait un gouvernement de combat, et qu’elle n’ait pu justifier le mot de M. Thiers. Mais, depuis que la question a été résolue par le vote d’une assemblée nationale, avec la sanction des élections populaires, il semble que rien ne s’oppose plus à ce que ce mot devienne une vérité. Nous avons enfin une république légale, avec une constitution républicaine qui a sagement partagé la représentation de la souveraineté nationale en trois pouvoirs. Nous avons deux chambres républicaines, et un président républicain de principe et non d’occasion. Si les partis hostiles à la république n’ont pas tous désarmé devant le gouvernement acclamé par le pays, ils ont tous, quoi qu’ils puissent dire, le profond sentiment de leur impuissance. Si l’un d’eux n’est pas tout à fait mort avec le jeune prince qui vient de finir si tragiquement, son futur césar lui a donné pour mot d’ordre de faire le mort.