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Page:Revue des Deux Mondes - 1879 - tome 36.djvu/316

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LA
MARINE DE SYRACUSE

II.[1]
L’EXPEDITION D’AGATHOCLE.


I

Il n’y a peut-être parmi les modernes que deux hommes qui aient songé à évoquer l’ombre d’Agathocle : le patriarche de Ferney et moi. Le 30 mai 1779, « jour anniversaire de la mort de M. de Voltaire, » la scène française entendait le fils de Carcinus exposer comment il avait pu monter au rang des rois,

Sans avoir eu besoin d’une origine illustre.


L’argile, disait-il,

L’argile, par mes mains autrefois façonné,
A produit sur mon front l’or qui m’a couronné.


Dédaigneux à sa dernière heure de l’entrave grammaticale, Voltaire faisait de la politique : il venait de recevoir la visite de Franklin ; moi, je ne m’occupe que de marine. Je m’imaginais même avoir trouvé une marine à l’abri des discussions passionnées, une marine qui ne pouvait plus être que le domaine des érudits retirés de ce monde. A ma grande, à mon extrême surprise, j’apprends que tout un corps d’officiers, de marins aussi renommés pour leur instruction que pour leur aptitude professionnelle, s’apprête à me

  1. Voyez la Revue du 15 octobre.