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UN MAITRE DE L'ECOLE FRANCAISE
THEODORE GERICAULT

I. Géricault, étude biographique et critique, par M. Charles Clément. — II. L’Êtudiant, par J. Michelet. — III. Les Chefs d’école au XIXe siècle, par M. Ernest Chesneau. — IV. Géricault, par Batissier. — V. Charlet, sa vie, ses lettres, par le colonel de Lacombe.

C’est à l’atelier de David et de ses élèves que s’est formée la grande école du XIXe siècle. Mais David, par le caractère de son œuvre comme par le temps où il vécut, appartient autant au siècle passé qu’à celui-ci. Il en est de même de Gros, ce maître plein de grandeur et de faiblesses, qui eut des éclairs de génie ; il prépara la transition de l’école de David à l’école moderne. Pour Prudhon, il n’est ni du XVIIIe siècle ni du XIXe siècle, ce Grec élève du Corrège. Cette glorieuse triade écartée, il reste trois grands peintres qui, tout au moins pour la première partie du siècle, doivent être reconnus, comme les maîtres de l’école française : Ingres, Géricault et Delacroix. De ces trois incomparables artistes, le peintre de la Méduse est le moins connu. Il est mort jeune, presque ignoré, et il ne reste de lui qu’un très petit nombre d’œuvres, tandis que Ingres et Delacroix ont empli l’Europe du bruit de leurs luttes et de leurs succès, sont morts en pleine gloire et ont laissé une si grande multitude de tableaux qu’il faudrait un musée pour les contenir tous. De plus, beaucoup d’hommes de notre génération ont approché Ingres et Delacroix, tandis que les contemporains de Géricault sont rares aujourd’hui. Géricault n’est pourtant point oublié. On va au Louvre admirer ses tableaux, et son nom n’est jamais omis quand on cite les maîtres modernes. Mais sa vie, qui pourrait tenter un romancier, est mal connue, et sauf les six toiles du Louvre,