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Le perfectionnement des méthodes a permis de mettre en valeur des terres autrefois stériles et d’augmenter le rendement des autres dans une assez forte proportion. Ces résultats sont dus surtout aux récens travaux de chimie agricole qui ont généralisé l’emploi des engrais artificiels. Il était autrefois de principe qu’il fallait une tête de bétail par hectare pour fournir le fumier nécessaire à maintenir une exploitation en bon état. Mais comme on ne peut multiplier son bétail, sans avoir une quantité de litière correspondante, sans par conséquent cultiver une plus grande étendue en céréales, et comme on ne peut obtenir des céréales sans fumier, on se trouvait en face d’un cercle vicieux dont on ne pouvait sortir qu’à la longue et après bien des tâtonnemens. L’emploi des engrais artificiels permet aujourd’hui de brusquer les choses et de triompher d’obstacles qui autrefois entravaient toutes les améliorations.

Des divers engrais employés, l’un des plus importans est le guano, qui provient, comme on sait, des déjections que les oiseaux aquatiques ont déposées sur le sol de quelques îles du Pérou, notamment des îles Chinchas. Ces amas immenses sont restés pendant longtemps inexploités et ce n’est guère qu’en 1841 que l’exportation de cette précieuse substance prit quelque développement et s’accrut au point que les anciens gisemens s’épuisèrent bientôt et qu’on dut en attaquer d’autres, beaucoup moins riches. En présence de la pénurie dont nous sommes menacés, on s’occupe d’utiliser autant que possible les eaux d’égout et les matières fécales des villes, si souvent perdues sans profit. Les tentatives faites dans la plaine de Gennevilliers peuvent donner une idée des progrès qui sont à faire dans cette direction. En attendant, il faut se contenter des engrais artificiels ; de toute nature, dont la fabrication a pris une grande extension depuis quelques années.

Les succès ou les insuccès en culture dépendent des proportions relatives dans lesquelles les divers élémens utiles à la plante se rencontrent dans le sol. Il importe donc de bien connaître la composition de ce dernier pour savoir quels élémens sont en excès, quels autres sont en défaut, et pour ne pas s’exposer à des dépenses inutiles. C’est en vue de cette détermination délicate qu’ont été créées les stations agronomiques qui, au nombre de 23, sont chargées de guider les cultivateurs dans leurs opérations, en faisant l’analyse des échantillons de terrains et des engrais qui leur sont soumis. Le commerce de ces substances avait donné lieu à de telles fraudes, que les cultivateurs auraient fini par y renoncer si on ne leur avait donné le moyen de s’assurer de la qualité des marchandises qu’ils achetaient. Mais cette partie de la science en est encore à ses débuts, et bien des découvertes sont encore à faire avant qu’on puisse déterminer à coup sûr quelle