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prélèvent leurs profits sur la vente de la récolte depuis le moment où elle échappe au producteur jusqu’à celui où elle parvient à l’importateur ; tantôt c’est un commissionnaire achetant le grain sur pied et prêtant son argent au propriétaire avant la cueillette, tantôt un ensaccador, chargé de séparer les qualités et d’établir les cours, tantôt des courtiers mettant en rapport les acquéreurs successifs. Malgré toutes ces causes de renchérissement, le café qui se vend 5 francs le kilo à Paris, n’atteint pas à Rio le prix de 1 fr. 81 cent. (et même en tenant compte du cours actuel du change, 1 fr. 39 c), prêt à être embarqué.

Les États-Unis absorbent plus de la moitié de la production de l’empire. En Europe, Hambourg, Southampton, le Havre, Lisbonne, Marseille, Bordeaux et Anvers sont les principaux ports d’importation. En France, on nous vend souvent les cafés brésiliens sous des noms plus en faveur auprès des consommateurs (Martinique, Java ou autres). Aucune denrée, paraît-il, ne se prête plus facilement à la falsification. Selon le mode de préparation et l’habileté du préparateur, avec le contenu de la même balle, on peut faire du café vert, jaune, rouge, rond, oblong, à cassure lisse, rugueux, de toute nuance et de toute dimension. La plupart des amateurs, habitués à leur forme ou à leur couleur de prédilection, ne s’aperçoivent jamais du subterfuge ; mais ils quitteraient leur fournisseur le jour où celui-ci n’aurait plus à leur offrir que du café du Brésil.

Les gommes élastiques se tirent principalement de la province la plus septentrionale, du Para, limitrophe de la Guyane et vont en Angleterre ou aux États-Unis. Les cuirs, au contraire, sont fournis par la province la plus méridionale, Rio Grande do Sul, limitrophe de l’Uruguay ; ils ont, en général, la même destination. Le tabac (celui de Bahia est fort estimé) gagne l’Allemagne et l’Angleterre ; la France achète quelques balles de feuilles. Le coton, de fort belle qualité, dit-on, est envoyé presque en totalité dans la Grande-Bretagne. Le gouvernement essaie d’établir des filatures et même des ateliers de tissage dans le pays. Enfin le maté, qui sert aux populations de la Plata à composer un breuvage assez semblable au thé, se consomme sur les bords de ce fleuve.

Quant aux mines, jusqu’à présent les mines de diamant et les mines d’or de la province de Minas Geraes sont à peu près les seules qui aient tenté l’industrie privée. Les premières, malgré la qualité supérieure de leurs produits, voient tous les jours diminuer leur importance, depuis l’invasion des marchés européens par les diamans du Cap. Les secondes renferment un minerai assez pauvre ; mais grâce à une excellente administration elles ont donné de beaux bénéfices. On assure que la province de Minas est très riche en