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19,250,000 francs, et celle de Baiiia 56,750,000 francs, c’est-à-dire, pour cette dernière, plus du double du capital de premier établissement, et ces lignes traversent deux des provinces les plus riches de l’empire !

Pendant cette première période, vers 1856, une quatrième concession fut accordée, toujours aux mêmes conditions, à une quatrième compagnie anglaise pour ouvrir un chemin de fer de 139 kilomètres entre le port de Santos et la ville de Jundiahy, dans la province de Sao Paulo. Cette dernière entreprise était réservée à un grand avenir. Mais elle ne devait être achevée qu’en 1867, et lorsqu’en 1865 le gouvernement brésilien, engagé dans la guerre du Paraguay, vit ses dépenses s’accroître dans une proportion dangereuse et dut examiner les résultats produits, après quinze ans, par le système qu’il avait suivi en matière de travaux publics, on conçoit qu’il dut être effrayé, et l’on ne peut qu’approuver le parti qu’il adopta de s’abstenir pour un temps de prendre des engagemens nouveaux, le poids des engagemens anciens augmentant chaque année, et leur bénéfice ayant pu paraître jusqu’alors tout à fait contestable.

Quatre lignes, à grand trafic, à voie de 1m, 60, avaient été créées ; la première, construite en partie seulement, était arrêtée faute de fonds ; les deux autres donnaient des résultats désastreux ; la quatrième n’était pas achevée.

Pourtant, avant de fermer sa caisse, le gouvernement crut équitable de venir au secours de la société de Dom Pedro II, dont les infortunes ne paraissaient pas absolument méritées, et il consentit à racheter la portion du chemin déjà construite au prix du capital dépensé, se réservant d’administrer par lui-même, et de faire compléter par ses propres ingénieurs le réseau commencé.

De 1865 jusqu’à la fin de la guerre du Paraguay, il persévéra dans son abstention, se bornant à payer les intérêts qu’il avait garantis ; mais, en même temps, il abandonnait aux provinces le pouvoir et le soin de concéder directement des chemins de fer sur leur territoire.

Cette seconde période, la période des chemins de fer d’intérêt local, qui s’étendit jusqu’en 1873, fut signalée par des spéculations de tous genres, spéculations qui ruinèrent généralement leurs auteurs. Les autorités provinciales accordaient bien volontiers des concessions aux personnes qu’elles voulaient favoriser, et ces personnes étaient toutes disposées à revendre l’acte qui leur avait été octroyé à des compagnies qu’elles formaient à cet effet, mais le nombre de ces actes était si considérable que les compagnies réussissaient rarement à réunir les capitaux dont elles avaient besoin, l’épargne du pays n’étant pas suffisante, les capitalistes