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réflexion de l’auteur. La première portera sur un simple point de métier. Il ne nous paraît pas que M. Albert Delpit, emporté par la chaleur de l’action, ait assez fortement portraicturé les personnages épisodiques dont il a égayé le fond sombre de sa comédie. Précisément parce que l’optique théâtrale exige que tout y soit peint comme en raccourci, les traits de la peinture doivent être marqués avec une intensité exceptionnelle. Il faut, si un grotesque prononce quelques mots seulement, que ces phrases soient assez typiques pour évoquer une image de tous les grotesques du même ordre. Nous signalerons en particulier à M. Delpit, comme méritant ce reproche d’un peu trop d’effacement et par suite d’une certaine froideur dans la plaisanterie, la figure du peintre-musicien, qui doit représenter aux yeux du spectateur l’artiste impuissant, affolé de théories vagues et ridiculement médiocre jusque dans l’extrême insanité. Mais ce sont là des maladresses de touche qui disparaîtront aisément. Le véritable écueil du talent de M. Delpit serait bien plutôt l’exagération de cette qualité que nous indiquions tout à l’heure, à savoir la flamme et la passion. L’auteur du Fils de Coralie est parfois nerveux jusqu’à sortir de la vérité humaine par amour de l’énergie, C’est ainsi que le quatrième acte a paru un peu forcé, — surtout venant après le troisième, dont tous les effets étaient cherchés en pleine réalité vivante. Le dévoûment héroïque de la jeune fiancée du fils de Coralie n’aurait-il pas gagné à se traduire d’une façon plus complètement en harmonie avec le ton de parfaite simplicité qui règne d’un bout à l’autre de la comédie ? N’était-ce même pas le lieu de chercher un dénouaient plus adroit que nous n’avons d’ailleurs pas qualité pour indiquer ? M. Delpit a montré au cours de son œuvre assez de dons précieux, d’ingéniosité tout ensemble et de poésie pour qu’il lui fût aisé de l’achever par un dernier acte de la même valeur que les trois premiers. Est-ce encore trop tard aujourd’hui pour essayer un remaniement ? Quoi qu’il en soit, avec les rares qualités que nous avons signalées, le Fils de Coralie promet un bon auteur dramatique. Il fait mieux que de le promettre, il l’affirme.


F. DE LAGENEVAIS.




La Méthode graphique dans les sciences expérimentales et particulièrement en physiologie et en médecine, par M. E. -J. Marey, membre de l’Institut, Paris, 1879 ; Masson.


Représenter les lois et les anomalies des phénomènes, leur marche régulière et leurs variations capricieuses, par des tracés dont les