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Page:Revue des Deux Mondes - 1880 - tome 38.djvu/242

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qui ont des parlemens à ouvrir, se hâtent de proclamer les inestimables bienfaits de la paix, d’affirmer le caractère rassurant des relations internationales. La reine d’Angleterre exprimait ses espérances pacifiques, il y a quelques semaines. L’empereur Guillaume, plus récemment, a témoigné son intérêt pour la paix. Le roi Humbert, en ouvrant, ces jours derniers, son parlement, vient à son tour de tenir un langage à peu près semblable ; il a exprimé le « vif désir de la conservation de la paix, » il a parlé des relations amicales qu’il cultive, et même il a eu l’air de mettre les chambres en garde contre des dépenses militaires excessives s’il y avait quelques crédits nouveaux à leur demander. Rien certes de plus tranquillisant en apparence, et cependant les nuages subsistent. On sent qu’il y a quelque chose de peu propre à inspirer la confiance dans cet état où l’Allemagne, sous prétexte de sauvegarder la paix qui n’est pas menacée, accroît une puissance militaire déjà formidable, où l’Autriche se croit obligée de prendre quelques précautions défensives sur la frontière du sud, comme si elle craignait sérieusement les menées des agitateurs de l’Italia irredenta. Le mal de l’Europe est dans cette incohérence de rapports généraux combinée avec un certain ensemble de conditions intérieures peu brillantes, médiocrement assurées dans la plupart des pays.

L’Italie n’est pas la dernière à se ressentir de cette influence générale ; elle semble passer par une phase assez ingrate de politique intérieure et même de politique extérieure à la suite de ces agitations de l’Italia irredenta qui ont visiblement attiré l’attention du cabinet de Vienne. Est-ce à dire qu’il soit survenu quelque incident nouveau, quelque complication dans les relations de l’Italie avec l’Autriche ? Évidemment, on a fait un peu trop de bruit pour quelques mesures de vigilance que l’Autriche aurait cru devoir adopter et qui, dans tous les cas, ont dû être expliquées de la manière la plus amicale. Il ne peut y avoir rien de grave dans des agitations auxquelles les populations italiennes ne s’associent pas, que le cabinet de Rome est le premier à désavouer, et ces préoccupations ne se laissent pas même entrevoir dans le discours royal qui a inauguré tout récemment la session nouvelle du parlement. L’Italie véritable n’a point pour le moment l’esprit hanté de ces idées de revendication qui n’ont rien de sérieux. Elle a bien assez de quoi s’occuper chez elle, dans ce vaste domaine national qui ne lui est plus contesté et qu’elle laisse trop souvent inexploité. Le dernier discours du roi Humbert est surtout consacré aux affaires intérieures, à ces réformes administratives, économiques et même politiques dont on parle sans cesse et qui sont, à ce qu’il paraît, plus faciles à proposer qu’à réaliser.

Le parlement italien en est toujours à se débattre en effet avec ces deux éternelles questions de l’impôt sur la mouture et de la réforme électorale qui sont les articles principaux du programme des ministères