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Page:Revue des Deux Mondes - 1880 - tome 38.djvu/457

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elle peut engager soit les fonds des capitalistes, soit la responsabilité des actionnaires ; c’est la première fois que les périls redoutables du principe de la solidarité des actionnaires des banques sont démontrés à l’opinion publique de la manière la moins contestable et la plus pénible. Dans une conférence consacré à la faillite de la banque de Glasgow, M. le professeur Leone Lévi a rappelé que le passif des soixante et onze banques fermées de 1844 à 1875 n’a pas atteint, dans leur ensemble, celui de la banque de Glasgow et que les pertes dans la banqueroute d’une ancienne banque d’Ecosse n’ont pas dépassé 50 millions.

Il est donc tout naturel que ces révélations aient inspiré les réflexions les plus sérieuses aux riches familles qui possèdent des actions dans les banques anglaises. Sans doute les grandes banques anglaises National Provincial, la London and Westminster, la London and County, sont dignes de la confiance de leurs actionnaires puisqu’elles obtiennent chacune des dépôts qui varient de 650 à 550 millions. Néanmoins il y a des limites à la confiance, quand les chances à courir sont aussi redoutables. Sous l’influence des circonstances, un déclassement de titres s’est produit en même temps qu’un déclassement de dépôts. Les actions des banques anglaises baissèrent de 12 pour 100, celles des banques d’Irlande de 17 pour 100 et celles des banques d’Ecosse de 30 pour 100. Du 30 juin au 31 décembre 1878, période pendant laquelle la plupart de ces faillites, notamment celle de la banque de Glasgow, ont eu lieu, les dépôts des banques métropolitaines de Londres diminuèrent de 300 millions, tandis que les dépôts de la banque d’Angleterre augmentaient de la même somme.


IV.

Ces graves incidens ont provoqué un grand mouvement d’opinion en Angleterre. L’attention des hommes politiques et des juristes s’est reportée sur la législation qui régit les banques. Dans la plupart des villes principales, des meetings ont été immédiatement tenus, les uns pour examiner les conditions des faillites, les autres pour délibérer sur la situation générale des affaires et les résolutions qu’elle comportait. La vie publique protège en Angleterre tous les intérêts. A Rochdale, à Truro, à Glasgow, c’est devant des réunions publiques de mille cinq cents, de deux mille personnes que les liquidateurs ont rendu compte, de leurs investigations sur les bilans. Les discussions sont publiques; toute personne peut y prendre part. A Londres, les meetings, composés de l’immense clientèle du monde de la banque et de la finance, s’occupèrent sans