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L’un l’ altro ha spento ; ed è giunta la spada
Col pasturale ; e l’ uno et l’ altro insieme
Per viva forza mal conviea che vada,

Di’ oggimai che la Chiosa di Roma,
Per confondere in se duo reggimenti,
Cade uel fango, e sè brutta e la soma[1].


LE PRINCE SILVIO. — Mais ses plaintes les plus amères, les récriminations les plus terribles, les invectives les plus sanglantes, Alighieri les réserve pour la maison de France, pour les descendans de ce Capet dont il fait le « fils d’un boucher. » Vous avez tous, messieurs, présent dans l’esprit ce vingtième chant du Purgatoire qui donne l’historique des princes de la troisième dynastie de France : « Tant que la grande dot provençale ne leur ôta toute vergogne, peu valaient-ils, du moins faisaient-ils peu de mal ; mais à partir de là ils poussèrent par force et par mensonge leur œuvre de rapine, et puis, par pénitence, ils prirent le Pontois, la Normandie et la Gascogne… » Ces mots « par pénitence, » — per ammenda, — reviennent par trois fois comme rime invariable et sardonique dans la strophe. C’est par pénitence que Charles d’Anjou a mis à mort Conradin ; par pénitence encore qu’il a renvoyé aux deux saint Thomas, — car le poète accueille avidement une absurde tradition d’après laquelle l’Angevin aurait fait empoisonner le grand auteur de la Somme. Un autre Charles entre à Florence, « sans armes, avec la seule lance de Judas, » pour percer le flanc de la cité. Encore un autre Charles, captif en mer, fait traite et marché de sa fille ; « le corsaire du moins ne vend que ceux qui lui sont étrangers… » Ainsi se poursuit la diatribe, pour culminer dans le crime d’Anagni et le meurtre sacrilège des templiers.

LE MARCHESE ARRIGO :

I’ fui radice della mala planta,
Che la terra cristiana tutta aduggia
Si, che buon frutto rado se ne schianta…

Chiamato fui di là Ugo Ciapetta :
Di me son nati i Filippi e i Luigi,
Per oui novellamente è Francia retta…

Mentre che la gran dote provenzale
Al sangue mio non toise la vergogna,
Poco valea, ma pur non facea male.

Li comminciò con forza e con menzogna
La sua rapina ; e poscia, per ammenda,
Ponti e Normandia prose, e Guascogna.

  1. Purgat., XVI, 106-111 et 127-129.