Quelque jugement que l’on porte sur les doctrines de M. Herbert Spencer, il est difficile de méconnaître la grandeur de son œuvre. Depuis les Premiers principes jusqu’aux Principes de sociologie dont le premier volume a récemment paru, l’édifice s’élève avec une rigoureuse unité d’ordonnance que ne compromet aucunement l’abondance prodigieuse des matériaux employés : c’est l’Encyclopédie de Hegel refaite au point de vue de la méthode expérimentale. Maître d’une immense quantité de faits, M. Spencer sait de plus les interroger avec un esprit dont on ne peut assez admirer les intarissables ressources, et, sans violence trop sensible, les interprétant l’un par l’autre, les disposant selon un ordre qui leur fait souvent dire plus qu’ils ne disent réellement, il réussit à obtenir pour ses conceptions systématiques l’apparente consécration de la plus large expérience, en sorte que l’hypothèse de l’évolution, mise en regard pendant six volumes avec les données les plus récentes des sciences positives, semble n’en être que l’expression philosophique la plus élevée.
L’œuvre récente de M. Spencer, les Principes de sociologie, se divise en trois parties. La première traite des caractères physiques,