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NOTES
D'UN
VOYAGE EN ASIE-MINEURE

II.[1]
ADALIA, LA CILICIE-TRACHÉE, LE TAURUS.


Adalia, 5 Jura.

Adalia est la grande ville commerçante du littoral asiatique, depuis le golfe de Symi jusqu’à Mersina; aussi est-elle fort fréquentée par les marchands grecs qui viennent de Rhodes, de Smyrne et même de Salonique ; ils s’établissent au khan ou dans les comptoirs voisins du port, y passent plusieurs mois et s’en retournent. Les trois khans de la ville sont occupés par cette population flottante. Heureusement, grâce à des négocians de Salonique, nous trouvons un gîte dans une jolie maison entourée de verdure, qui a été construite par un riche Grec d’Adalia pour servir d’hôpital (nosokomeion). Faute de malades, la maison abrite cinq ou six petits ménages de papas sans emploi et de marchands sans négoce. Tout ce monde vit en commun, et, le soir venu, se rassemble sous la vérandah pour prendre le frais; les femmes travaillent; l’un des papas enlumine à grand renfort de couleurs éclatantes des images d’Haghios Pandéléimon, sous le vocable duquel est placée la petite église de l’hospice. Il n’y a là, dans cette façon de faire et de comprendre la charité, rien d’humiliant pour celui qui la reçoit; le

  1. Voyez la Revue du 15 novembre.