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UNE
IDYLLE MONACALE
AU XIIIe SIÈCLE

CHRISTINE DE STOMMELN.

Les savans physiologistes qui, de nos jours, ont porté hardiment l’expérience sur les confins mal définis du corps et de l’âme ont très bien aperçu combien l’histoire des exaltations religieuses du passé projetait de lumière sur leurs recherches. Lues avec attention et au grand jour des découvertes nouvelles, les légendes des extatiques, les récits de possessions ont reçu la plus éclatante des confirmations, ou, pour mieux dire, le plus décisif des commentaires. Les faits qu’ils racontent ont pu être observés, analysés, presque reproduits à volonté. Entre toutes les mystiques du moyen âge, Christine de Stommeln est peut-être celle dont la vie se prête le mieux à ce genre d’étude. Nous avons sa correspondance, le journal de ses épreuves. Tout cela est d’une naïveté au-dessus du soupçon. La patience des Bollandistes[1], qui ont consacré trois cents pages in-folio à ces chimères, nous permet de suivre dans

  1. Acta SS. Junii, t. iv, p. 270 et suiv. Comparez Quétif et Échard, Script, ord. Prœd., I, p. 407 et suiv.