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avons également indiqué les conditions dans lesquelles le travail avait été exécuté : c’est dire que le plan d’ensemble n’a pas pu être exactement suivi. L’auteur a voulu prévenir lui-même le reproche de manquer d’ordre qu’après un examen sommaire on serait peut-être tenté de lui adresser. Dans une remarquable préface insérée en tête du tome V sous le titre trop modeste d’Avertissement de l’éditeur, il reconnaît que « les documens mis au jour à des époques diverses se trouvent souvent divisés ou dispersés dans plusieurs volumes de telle sorte que, pour voir l’ensemble, il est nécessaire de se reporter d’un tome à l’autre. De là un défaut d’unité… » Cette unité, M. Villefort a eu l’heureuse idée de la rétablir au moyen d’une table systématique qui englobe toutes les matières en les répartissant en huit parties. On voit ainsi se dégager en quelques pages toute la synthèse de l’œuvre, et chaque document vient ici prendre la place qu’il aurait dû logiquement occuper dans l’ouvrage.


GEORGE COGORDAN.



Vaugelas, Remarques sur la langue française. Nouvelle édition par M. A. Chassang, inspecteur-général de l’instruction publique, 2 vol. in-8 ; Paris, Baudry, 1880.


Au-dessus ou à côté de ceux qu’un contemporain a appelés les Grotesques, il y a eu, dans la première partie du XVIIe siècle, beaucoup d’auteurs qui ont brillé d’un vif éclat et qui sont aujourd’hui tombés dans l’oubli. On ne connaît plus ni Conrart, ni Godeau, ni Chapelain, ni Gombauld ; on n’a jamais perdu de vue le nom de Vaugelas. Il doit peut-être sa popularité à quelques vers des Femmes savantes ; il n’a jamais cessé toutefois d’être apprécié par les doctes. Molière même ne devait pas rendre Vaugelas responsable des sottises des Précieuses ridicules : le grammairien devait trouver grâce devant l’homme de génie. Pour s’en convaincre, il suffit de relire Vaugelas lui-même. Cette lecture est facile, attrayante ; M. Chassang n’a rien négligé pour nous y engager. Il ne faudrait pas croire du reste que les Remarques sur la langue française eussent le moindre point de ressemblance avec ces horribles manuels qui ont eu longtemps la prétention, sans art aucun, de nous apprendre l’art de parler et d’écrire correctement. Il y a dans l’homme et dans l’œuvre un air de bon ton, de gravité sans raideur, mais non sans élégance, qui plaisait autrefois et qui ne déplaît pas aujourd’hui. Disons ici un mot de l’un et de l’autre.