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Page:Revue des Deux Mondes - 1880 - tome 40.djvu/665

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espérait que l’assemblée se contenterait de cette demi-mesure, « Je me suis fait rendre compte des différens mémoires que l’assemblée m’a présentés, dit-il aux trois archevêques, et elle verra par mes réponses sur tous les objets qui y sont renfermés combien j’ai à cœur de lui donner toute la satisfaction qu’elle est en droit d’attendre de ma justice et de mon amour pour la religion. Je suis toujours dans la ferme résolution de prendre définitivement un parti capable de faire régner la paix et la tranquillité et de calmer les alarmés que le clergé a pu concevoir. » L’assemblée, bien que touchée de tels sentimens, ne trouvait dans ces promesses qu’une incomplète satisfaction, Louis XV s’était attaché à lui démontrer que les arrêts des parlemens n’avaient point toute la portée qu’on leur prêtait ; il avait insisté sur la suppression par lui ordonnée du réquisitoire de Castillon, en déclarant qu’il avait ainsi maintenu l’épiscopat dans ses droits et assuré au premier ordre du royaume les égards et la considération qui lui étaient dus ; il avait enfin rappelé qu’il avait constamment fait observer la constitution Unigenitus comme une loi de l’église et de l’état ; mais il n’avait pas parlé d’une annulation formelle des arrêts des parlemens, d’édicter de nouvelles mesures contre les dissidens en accordant une réparation aux défenseurs de la bulle qui avaient été frappés : toutes choses que réclamait le clergé. Le roi ne cacha pas qu’il condamnait l’ardent intempestive dont plusieurs ecclésiastiques s’étaient montré animés dans cette querelle, où la violence avait été presque égale de part et d’autre. « Si le zèle n’eût pas été quelquefois trop loin sur cette matière, dit Louis XV à la députation de l’assemblée, il m’aurait été plus facile d’arrêter l’esprit de désobéissance qui a su s’en prévaloir. » La compagnie consacra bien des séances à la réfaction des nouveaux mémoires dont elle assiégea la couronne. Louis XV, ou plutôt ses ministres et surtout le premier d’entre eux, Choiseul, finirent par céder à ces sollicitations répétées, dont l’opposition continue des parlemens ne faisait qu’accroître l’insistance. Quelques mois après la clôture de l’assemblée il fut fait droit à ses doléances. Un arrêt du conseil, du 25 novembre 1766, qu’enleva de haute lutte l’archevêque de Reims, infirma les arrêts du parlement de Paris et maintint aux actes de l’assemblée de 1765 toute l’autorité que l’église de France leur avait attribuée. L’assemblée obtint satisfaction sur d’autres points, mais pas aussi complètement qu’elle l’eût souhaité. Elle avait supplié le roi de rendre à tous les décrétés et bannis, sans distinction, leurs droits et leur liberté et d’anéantir jusqu’à la mémoire des condamnations aussi incompétemment qu’injustement portées contre eux. Louis XV