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reprocher à l’exercice de ses privilèges temporels. C’est ce qui apparaît par le sombre tableau que le cardinal de La Rochefoucauld traçait de l’état où était tombée la société depuis qu’elle s’était soustraite aux enseignemens de l’église. Louis XVI calma les alarmes du clergé en lui promettant son appui et en faisant droit à plusieurs de ses réclamations, tout en maintenant, comme l’avait fait son aïeul, les droits de la couronne. L’ordre ecclésiastique se montra satisfait, et l’assemblée de 1782, que présidait le même cardinal de La Rochefoucauld, n’eut à faire entendre que des actions de grâces. Confiante dans les intentions du monarque, elle se hâta d’ajouter un nouveau don gratuit de 15 millions à celui qui avait été déjà consenti, deux années auparavant, sans compter 1 million qu’elle vota en faveur des veuves et des orphelins des matelots qui avaient péri pendant la guerre. Les députés voyaient dans ces subsides si largement accordés un moyen de s’assurer l’appui du gouvernement. Tout élevées que fussent ces sommes, elles n’étaient cependant pas en rapport avec les contributions que supportaient les sujets non privilégiés ; elles ne constituaient d’ailleurs qu’un faible tribut eu égard à la pénurie financière où se trouvait l’état. Aussi celui-ci dut-il demander au clergé d’autres allocations, chercher des ressources dans la création de nouveaux impôts. Les représentations faites à l’assemblée des notables obligèrent le gouvernement à entrer dans une voie toute différente de celle à laquelle l’avait ramené l’impuissance de ses premières réformes. L’assemblée générale extraordinaire du clergé, qui avait été convoquée pour le 27 août 1787, fut prorogée au 5 mai de l’année suivante, afin qu’elle fût en mesure de prononcer sur quelques-unes des résolutions qu’on avait agitées à l’assemblée des notables. Pour accroître l’autorité des décisions qu’étaient appelés à prendre les mandataires du clergé, le roi voulut que la représentation des provinces fût plus nombreuse qu’il n’était accoutumé pour les assemblées extraordinaires. Le chiffre des députés égala en cette circonstance celui qui était habituellement fixé pour les assemblées du contrat. La compagnie eut en conséquence un bureau plus fourni ; elle multiplia ses présidens[1]. On n’en élut pas moins de huit, quatre archevêques et quatre évêques. À cette nouvelle diète, les députés furent loin de témoigner ces dispositions généreuses pour le trésor public

  1. Dans cette assemblée, la dernière que tint le clergé de France, on remarquait : l’archevêque d’Aix, de Boisgelin, qui fut de l’Académie française, siégea à l’assemblée constituante et mourut cardinal et archevêque de Tours ; de la Luzerne, évêque de Langres, qui figura dans la même assemblée et devint pareillement cardinal. L’abbé. de Montesquiou, qui devait être en 1814 ministre de Louis XVIH, et l’abbé Henri Dillon, grand vicaire de Dijon, furent nommés promoteurs.