décisive de tout ce qui s’est fait depuis quelque temps, et de l’amnistie et des décrets du 29 mars et des réformes de l’enseignement à tous les degrés ? Que faut-il de plus ? » — Soit ; il n’y a qu’une chose à dire, c’est que tous les régimes ont eu leurs amis de ce genre, qu’ils appelaient même les amis du premier degré. Tous les régimes ont eu invariablement de ces satisfaits qui trouvaient que jamais la prospérité n’avait été plus grande, qu’il n’y avait jamais eu un gouvernement conduisant avec plus d’éclat et de succès les destinées du pays. Les satisfaits d’autrefois parlaient ainsi jusqu’à la veille de la chute, et par une ressemblance de plus avec les nouveaux satisfaits de la république, déjà de leur temps ils taxaient de pessimisme et d’humeur morose les esprits clairvoyans qui leur signalaient les dangers de leurs infatuations, qui leur rappelaient que les fautes accumulées s’expient, qui ne se payaient pas enfin de vanités, de déclamations et d’apparences.
S’il est un homme satisfait de lui-même, s’il y a un exemple vivant de cette infatuation qui est à la mode aujourd’hui, c’est bien certes M. le ministre de l’instruction publique, avec ses ambitions rénovatrices et agitatrices. M. le ministre de l’instruction publique peut se flatter de n’être point étranger aux embarras du gouvernement qu’il sert. Avec M. le ministre de la guerre il est probablement un des membres du cabinet qui auront préparé à la république les plus dures épreuves et qui laisseront après eux le plus de confusions et de désordres à réparer. C’est à l’initiative de M. Jules Ferry qu’est dû l’article 7, et les mésaventures de l’article 7 ont conduit le gouvernement dans cette voie d’arbitraire où il rencontre, où il rencontrera à chaque pas des difficultés nouvelles. M. le ministre de l’instruction publique a été personnellement sauvé des conséquences de l’article 7 par le vote du sénat d’abord, puis par les décrets du 29 mars, qui ont fait passer le fardeau sur M. le ministre de l’intérieur et sur M. le garde des sceaux. Voilà maintenant d’ici à peu le 31 août, date où les établissement d’instruction dirigés par les jésuites et même par d’autres communautés religieuses non autorisées devront être fermés. Il reste à savoir comment on va s’y prendre pour frapper d’interdit des maisons qui dès ce moment annoncent qu’elles se rouvriront au mois d’octobre, qui seront censées n’être plus dirigées par les jésuites ou par les dominicains, mais qui resteront visiblement sous les mêmes influences. Si on n’y réussit pas, si on est obligé de s’arrêter devant des sociétés civiles légalement constituées, devant de nouveaux directeurs religieux ou laïques armés d’incontestables droits, qu’aura-t-on fait ? On se sera donné le désavantage de tirer de l’arsenal de l’empire et de l’ancienne monarchie une législation surannée, d’avoir l’air de ruser avec la liberté de l’enseignement, avec la liberté des croyances, sans profit, sans atteindre sérieusement le but qu’on s’était proposé. Si on veut aller plus loin, où sera-t-on conduit ?