grand honneur du drapeau, les noms de ceux-là mêmes dont ils avaient méprisé les sages avis. Pendant la durée du second empire, il n’était pas davantage question des doctrines radicales, et les partisans de la république s’abritaient de préférence derrière la grande figure du général Cavaignac, le rude vainqueur des journées de juin.
Que signifiait toutefois la glorification posthume de ces pures renommées si elle n’était point, de la part des royalistes et des républicains, une sorte de manifeste pour l’avenir et le programme de tendances nouvelles ? Mais ces programmes et ces manifestes, éclos aux jours de l’adversité et inspirés par elle, que valent-ils eux-mêmes si ceux qui les professent ne les pratiquent pas quand ils arrivent au pouvoir ? Devenue un peu sceptique à l’égard des systèmes, justement indifférente aux étiquettes et plutôt portée à s’en défier, la France est décidée à ne juger désormais ses gouvernemens que d’après leurs œuvres. Ce qu’elle a appris par une expérience trop souvent renouvelée, c’est que, malgré sa force apparente, tout régime, monarchique ou républicain, demeure indéfiniment précaire et court vite à sa perte quand il ne prend pas conseil de ses plus sages adhérens et ne remet pas la direction de ses affaires aux mains de ses chefs les plus modérés. Si la fusion avait fait remonter M. le comte de Chambord sur le trône de ses pères, c’est aux royalistes qu’il eût appartenu de faire preuve de modération et de sagesse. Cette tâche incombe présentement aux républicains. Que ses partisans en aient ou non conscience, — mais les plus avisés s’en doutent bien, — la république traverse en ce moment une crise décisive. Placée comme le fut jadis la restauration entre deux courans opposés, elle est, à son tour, tenue de choisir, mais son choix, quel sera-t-il ? Tandis que parmi les détenteurs actuels du pouvoir l’hésitation semble si grande qu’on les dirait uniquement préoccupés de se trouver, après la lutte, avec les plus nombreux et les plus forts, de nobles esprits viennent de prouver, grâces à Dieu, qu’ils entendaient opposer une sérieuses résistance aux velléités oppressives de la démagogie. Si la rupture ne date que d’hier, les dissidences qui l’ont amenée remontent loin dans notre histoire. Parmi les républicains, les uns n’ont jamais, en effets voulu de la liberté nulle part, et les autres se font gloire de lai vouloir partout, pour leurs adversaires autant que pour eux-mêmes ; c’est l’honneur de M. Dufaure et de M. Jules Simon, de M. Bérenger et de M. Laboulaye d’avoir proclamé du haut de la tribune que jamais ils ne consentiraient à faire de la république triomphante l’apanage exclusif d’un parti. Ainsi s’exprime de son côté M. Littré ; et dans cette Revue même, un autre vétéran de la liberté, M. Vacherot, ne repoussait-t-il pas naguère avec indignation toute