peu agréables aux yeux qu’ils parussent, pour peu qu’ils eussent le moindre intérêt archéologique, ils ont été réunis dans les collections. De là vient l’aspect sérieux, austère, presque sévère de certaines salles remplies de stèles plus ou moins intactes, de colosses inertes ou de sphinx rigides. Ces derniers ne sont pas des sphinx de fantaisie, comme ceux qu’on a découverts aux environs du Sérapeum par exemple, lesquels n’ont aucun renseignement historique à nous donner. J’ai déjà dit que l’un d’eux avait la tête de Toutmès III ; je parlerai plus loin du sphinx de San, monument inappréciable de l’époque des Hycsos. Quant aux stèles, ce sont les documens historiques les plus anciens et, sous quelques rapports, les plus précieux de l’humanité.
Je n’ai pas la prétention d’énumérer tous les trésors que contient le musée de Boulaq ; j’en laisse volontairement la bonne moitié de côté. A quoi bon revenir, par exemple, sur la table de Saqqarah qui a confirmé d’une manière remarquable les listes dynastiques de Manéthon, ou sur les cinq monumens qui nous font connaître les péripéties de la domination éthiopienne et dont le principal, la stèle du songe, a fait l’objet d’un beau travail de M. Maspéro ? A quoi bon parler de la stèle de San, document en son genre non moins précieux que la pierre de Rosette ? Je voudrais seulement appeler l’attention sur la salle de l’ancien empire et sur la salle des Hycsos, c’est-à-dire sur deux salles qui contiennent peut-être la clé de l’histoire des origines de la civilisation, qui contiennent du moins celle de l’histoire particulière des destinées de l’Égypte. La salle de l’ancien empire surtout mériterait d’être décrite dans ses moindres détails. Elle forme un musée spécial dans l’ensemble du musée de Boulaq, musée unique où sont renfermés les plus vieux témoignages de l’art et de la science humaines. Il y a une vingtaine d’années, l’ancien empire était presque complètement inconnu ; les études égyptologiques s’arrêtaient à une grande distance de ce passé lointain qui se perd dans la nuit des siècles, nul aventurier hardi n’avait abordé les rivages de cette terre mystérieuse, où pour la première fois notre espèce a révélé sa pensée dans des monumens qui attestent déjà la puissance, l’étendue, et la souplesse de son génie. C’est à M. Mariette que revient l’honneur d’avoir été le Christophe Colomb de cet ancien monde, le plus ancien dont il nous ait été donné de retrouver la trace sur la terre que nous habitons. Ses fouilles ont mis au jour une série de documens d’un prix et d’une valeur inappréciables, puisqu’ils nous font remonter plus loin dans le passé que tout ce que nous possédions jusqu’ici et nous ouvrent, par de la l’aurore de l’histoire, des horizons nouveaux et sans fin.
Ce qui ajoute, — pour le moment du moins et jusqu’à ce que des