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Page:Revue des Deux Mondes - 1880 - tome 41.djvu/433

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doit partout rejeter l’erreur et retenir la vérité ; 3° de toutes les Écritures, grandes et petites, extrais l’essence, car c’est la vérité. 4° pour trouver Dieu, adresse-toi à la fois aux Écritures, aux sages et à ta conscience. — Vinrent alors plusieurs thèses philosophiques et religieuses exposées par leurs auteurs. — Des hymnes, des méditations et des prières en commun conduisirent l’assistance jusqu’aux approches de sept heures, où devait se célébrer l’initiation de sept nouveaux brahmaïstes. Cette cérémonie, entrecoupée d’un sermon, ne se prolongea pas moins de deux heures, et l’assemblée qui, à en croire le chroniqueur, ne donnait aucun signe de fatigue après ces quinze heures de dévotion continue, se sépara en chantant qu’elle n’en avait pas encore assez : The heart wishes not to return home !

Ces fêtes paraissent avoir exercé une influence qui peut seulement s’expliquer par le caractère contagieux du mysticisme même le plus spiritualiste. « Le changement produit chez certaines personnes par nos brahmostabs, écrivait en 1868 Protab-Chunder-Mozoumdar, reste vraiment merveilleux. Hommes et femmes y sont comme saisis d’une pieuse contagion ; chaque fois, de nouveaux adeptes y sont acquis, d’anciens membres réconfortés et régénérés. Les brahmaïstes qui veulent savoir ce que c’est de voir et de sentir Dieu n’ont qu’à suivre un brahmostab. » Parfois, à l’issue de la cérémonie, les assistans se formaient en cortège et, leur ministre en tête, parcouraient les rues du quartier indigène en chantant des hymnes à la gloire du Dieu unique. — Pour juger ces démonstrations, on doit se reporter au milieu dans lequel elles s’accomplissaient. Rien n’était plus propre à populariser rapidement l’église déiste parmi les indigènes et à lui donner sur les esprits hindous l’ascendant mystique qui lui avait manqué jusque-là.

Le Bharatbharsia Somaj rallia à son organisation la grande majorité des somajes qui existaient déjà en province, et bientôt le chiffre de ses adhérens dépassa la force numérique de l’association primitive. Il y avait toutefois un obstacle légal qui écartait du brahmaïsme militant nombre d’esprits déjà gagnés à ses doctrines. La législation de l’Inde n’admettait que le mariage religieux, c’est-à-dire le mariage régulièrement célébré suivant les rites d’une religion reconnue. Quelle était dès lors la valeur d’unions célébrées entre Hindous, sans les formalités requises par le rituel de leur religion traditionnelle ? On vit bientôt l’importance de cette question par une consultation de l’avocat-général de l’Inde, portant que les mariages brahmaïstes n’étaient pas valides et que les enfans issus de ces unions restaient illégitimes. Aussitôt les brahmaïstes s’empressèrent de pétitionner pour que le gouvernement mît leur nouveau rite sur