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UN
HOMME D'ETAT RUSSE
D'APRES SA CORRESPONDANCE INEDITE

I.
MILUTINE ET L’ÉMANCIPATION DES SERFS.

Dans nos longues études sur la Russie, nous avons maintes fois été obligés de. constater combien de tergiversations et d’atermoiemens, combien d’inconséquences et de contradictions dans les lois et dans la pratique avaient entravé les effets des meilleures réformes. J’ai dû montrer que de lacunes dans la législation, que d’abus dans l’administration provenaient de ce primordial défaut de cohérence ; à quel point il était responsable des déceptions de la société ou des gouvernans, et par suite responsable des désordres et des angoisses des dernières années[1]. Dans ce gouvernement autocratique qui de loin offre aux yeux le maximum de concentration des pouvoirs, ce qui, sous le règne actuel, a le plus manqué, ce qui, jusqu’au début de l’année courante et à la dictature provisoire attribuée au général Loris-Mélikof, a le plus fait, défaut, c’est l’unité dans les vues dans la direction, dans l’exécution.

  1. Voyez particulièrement la Revue du 15 février 1880.