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George III renverser un ministère en pleine possession de la confiance du parlement. Le cabinet Perceval était d’ailleurs travaillé par des dissensions intérieures. Wellesley, peu satisfait du rôle effacé qu’il jouait comme secrétaire d’état des affaires étrangères, avait annoncé, dès le mois de janvier 1812, l’intention de se retirer. Il aspirait en secret à de plus hautes destinées et rêvait de devenir le chef d’un nouveau cabinet. Sa démission précipita la crise. Le prince-régent se décida à faire des ouvertures aux whigs. Le 13 lévrier, le lendemain du jour où expiraient les restrictions apportées à son pouvoir, il adressa, au duc d’York, l’un de ses bières, une lettre destinée à être communiquée aux lords Grenville et Grey. Cette démarche était-elle sincère ? Grenville et Grey ne le crurent pas, et après s’être concertés avec leurs amis, ils déclinèrent les ouvertures qui leur étaient faites. Il est certain qu’on ne leur donnait aucune garantie sur la question catholique. La situation était donc la même qu’avec George III. Le régent affecta une grande irritation contre les whigs et ordonna à Perceval de reconstituer le cabinet. Wellesley maintint sa démission. Perceval en profita pour faire rentrer Castlereagh comme ministre des affaires étrangères. Lord Sidmouth accepta le poste de président du conseil privé. Ces deux nominations fortifiaient incontestablement le cabinet. Castlereagh, avait une réelle valeur personnelle. Sidmouth apportait l’appui d’un groupe peu nombreux, mais compact et discipliné.

La crise ministérielle venait à peine de se terminer lorsqu’elle fut rouverte par un incident douloureux. Le premier ministre, en entrant dans la chambre des communes, fut tué d’un coup de pistolet tiré presque à bout portant. L’assassin fut arrêté, jugé et exécuté. C’était un nommé Bellingham, ancien employé de l’administration des finances, qui croyait avoir à se plaindre personnellement de Perceval. Le parti protestant jouait de malheur. Deux événemens absolument accidentels venaient de lui faire perdre ses deux plus puissans appuis. George III était fou ; Perceval était mort. Après diverses tentatives pour faire entrer dans le ministère Wellesley et Canning, puis pour former un cabinet sous la présidence de Wellesley avec le concours de Grenville et de Grey, on se décida à reconstituer purement et simplement le ministère Perceval sous la présidence de lord Hawkesbury, devenu, par la mort de son père, comte de Liverpool et membre de la chambre des lords. Ce personnage politique, sans grand talent, mais servi par les circonstances, s’était élevé lassez rapidement aux postes les plus importans. Membre du bureau de l’Inde, sous Pitt, puis directeur de la Monnaie, il était devenu secrétaire d’état des affaires étrangères sous Addington et avait signé en cette qualité la paix d’Amiens. Dans le