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pareille somme pour l’installation des communications, chemins de ronde, rails, wagonnets : en tout 2 millions et demi, une goutte d’eau dans le budget de la ville de Paris. Évaluons d’autre par les frais de main-d’œuvre, transport des boues destinées à l’agriculture, etc. A la papeterie d’Essonnes, pour 2 hectares d’installation et 10,000 mètres cubes d’eau à purifier, la main-d’œuvre est par jour de 20 francs environ. Pour les 60 hectares et les 300,000 mètres cubes d’eau de la ville de Paris, elle serait trente fois plus forte, soit de 600 francs par jour. D’un autre côté, pour mettre les boues à la portée de l’agriculture dans un rayon de 30 à 35 kilomètres, étant donné que chaque mètre cube d’eau produit un peu moins d’un kilo et demi de précipité à un état de sécheresse ordinaire, soit, pour 300,000 mètres cubes d’eau, 450 tonnes, en chiffres ronds 500 tonnes d’engrais, il en coûterait à raison de 3 centimes par kilomètre et par tonne, 500,francs par jour. Pour continuer à exagérer nos chiffres dans le sens le plus défavorable à notre cause, prévoyons soit un transport à plus grande distance, soit une majoration du poids des boues par suite d’une dessiccation moins complète, et inscrivons, de ce chef, 1,000 francs de frais journaliers. Enfin, tenons compte de la valeur de la chaux employée chaque jour à la décantation : 250 grammes de chaux (dose maxima) par mètre cube d’eau, multipliés par 300,000 mètres cubes, donnent un produit de 75 tonnes de chaux. Cette chaux peut être facilement établie à 20 francs de la tonne. Ce serait donc, de ce chef, 1,500 francs à compter par jour. En résumé, 600 fr. de main-d’œuvre, de 500 à 1,000 francs de transport, 1,500 francs de chaux : somme totale, au maximum, 3,000 francs de frais journaliers. Certes, alors même que ce devrait être, pour la ville de Paris, une dépense sans compensation, ce ne serait pas, pour elle, payer trop cher l’avantage de se débarrasser de ses immondices sans infecter ni les cours d’eau, ni les campagnes des environs. Mais tel n’est pas le cas. Nous verrons, tout à l’heure, qu’elle trouverait tout naturellement, dans la vente des engrais, non-seulement le remboursement de ses frais et avances, mais aussi un bénéfice notable.

Devrait-on craindre de faire courir un danger quelconque à la santé publique ? Il est à peine nécessaire de répondre sur ce point. D’abord, aussitôt opérée l’addition de lait de chaux, les eaux n’exhalent plus aucun miasme, ne répandent même plus d’odeur appréciable. Puis, à supposer même, — ce qui n’est matériellement pas vrai, — que les émanations n’en fussent point tout à fait exemptes de reproches, qu’est-ce donc, encore une fois, qu’une surface d’évaporation de 6 hectares, en comparaison de la presqu’île de Gennevilliers, en comparaison surtout de ce que répandraient de miasmes