Page:Revue des Deux Mondes - 1880 - tome 41.djvu/865

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA
PREMIERE SESSION
DU
NOUVEAU PARLEMENT ANGLAIS

Lorsqu’en avril dernier, aussitôt après avoir reçu la démission de lord Beaconsfield et de ses collègues, la reine Victoria manda auprès d’elle lord Granville et le marquis de Hardington, ces deux hommes d’état n’hésitèrent pas à déclarer à leur souveraine que le retour de M. Gladstone au pouvoir était la conséquence inévitable des élections qui venaient d’avoir lieu. C’était M. Gladstone qui avait conduit la campagne électorale : c’était à sa voix et sur ses conseils que les radicaux s’étaient prêtés ; à tous les compromis d’opinions et à toutes les alliances qui pouvaient assurer la conquête d’un collège ; c’était pour le ramener à la tête du gouvernement qu’ils s’étaient jetés dans la lutte avec une énergie sans précédent, et ils n’accepteraient assurément pas d’autre direction que la sienne. Or leurs rangs avaient presque triplé et ils formaient la fraction la plus nombreuse de la majorité nouvelle. La présence de M. Gladstone dans le futur cabinet était donc indispensable, et du moment qu’il entrait dans un ministère, il ne pouvait en être que le chef. L’illustration de son passé, la supériorité de ses talens, sa puissance oratoire, le rajeunissement de sa popularité ne permettaient ni qu’on lui offrit, ni qu’il acceptât, une autre situation sans heurter et désappointer l’opinion libérale.

La reine se rendit à ces raisons, et M. Gladstone reçut d’elle la mission de former le nouveau cabinet. La tâche fut laborieuse, tant était grand le nombre de ceux qui, ayant payé de leur personne