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Page:Revue des Deux Mondes - 1880 - tome 41.djvu/906

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de tel ou tel groupe musculaire sont fort limités et occupent une petite portion de la surface cérébrale ; la dernière enfin, c’est qu’en extirpant la région de la surface cérébrale qui a été reconnue pour être le centre de tels mouvemens définis, l’on provoque la paralysie de ces mêmes mouvemens.

En somme, on constata qu’il y a dans le cerveau une partie périphérique paraissant préposée à la production de mouvemens, c’est-à-dire une région motrice, et une autre où l’excitation ne provoque aucune manifestation extérieure, une région non motrice. En outre, la région motrice peut se subdiviser en un certain nombre de petits territoires, circonscrits d’une manière assez exacte, à peu de millimètres près ; chacun de ces territoires préside à la mise en mouvement d’un groupe musculaire déterminé, et de ce groupe seul.

Tel est le point de départ de la théorie des localisations cérébrales. M. Ferrier, s’emparant de ces conclusions, étudia alors la question, en agrandit considérablement le domaine, et aujourd’hui il semble résulter de ses recherches que les circonvolutions peuvent, chez l’homme aussi bien que chez les animaux, se décomposer en trois régions : l’une, antérieure, préposée au fonctionnement intellectuel ; l’autre moyenne, chargée de l’innervation motrice du corps ; une troisième région, postérieure, serait le point d’arrivée des impressions formées sur nos organes sensitifs par les choses du dehors, et représenterait la région sensitive du cerveau. Exposer comment M. Ferrier est arrivé à ces conclusions, et comment il les justifie, tel est le but de cette étude.


II

La question de méthode est la première qui se pose : il convient de s’y arrêter. Deux procédés d’investigation s’offrent au physiologiste : la méthode expérimentale et la méthode clinique.

La première en date, et la plus praticable, est l’étude expérimentale. Applicable aux seuls animaux, elle consiste à mettre à découvert le cerveau par l’ouverture plus ou moins étendue du crâne, et à opérer sur les circonvolutions en les électrisant, ou en les excisant, selon le but que l’on se propose. Le singe, par suite de la conformité de son type cérébral avec celui de l’homme, se prête le mieux à ces recherches ; mais il y a une grande utilité à opérer également sur d’autres animaux d’une organisation inférieure tels que le chien, le renard, et toutes autres victimes ordinaires ou extraordinaires de la physiologie expérimentale. Ces recherches comparées ont l’avantage de montrer quelles sont, dans les diverses