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Page:Revue des Deux Mondes - 1880 - tome 41.djvu/916

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sensations gustatives et olfactives. Tout le monde a pu remarquer combien celles-ci sont complémentaires l’une de l’autre. L’électrisation provoque des mouvemens qui indiquent des sensations de goût et d’odorat plus ou moins désagréables ; l’extirpation amène la suppression de ces sensations ; on peut faire respirer à l’animal des odeurs ou lui faire goûter des saveurs qui, à l’état normal, le feraient fuir d’un bout à l’autre du laboratoire ; les tours qu’on lui joue passent inaperçus.

Plus hypothétique serait le centre des besoins organiques de la faim et de la soif, plus encore celui des besoins sexuels ; cependant les argumens cités par Ferrier constituent déjà de fortes présomptions en faveur de leur existence. Acceptons-les, mais sous bénéfice d’inventaire : c’est une réserve que commande la prudence la plus élémentaire.

Voilà donc une seconde région du cerveau que l’on peut à juste titre nommer sensitive. Il en est une troisième, la région intellectuelle, dont l’existence paraît prouvée, autant du moins qu’elle le peut être par des expériences faites sur l’animal. Il est, en effet, difficile de se rendre un compte exact des modifications qu’a pu éprouver l’état mental d’un chien, d’un cochon d’Inde ou même d’un singe. Toutefois Ferrier a observé des faits assez nombreux qui tendent à faire admettre la fonction intellectuelle de la région antérieure du cerveau. L’électrisation ne saurait guère être employée dans ces recherches : les ablations sont préférables. Quand on les pratique avec précaution, de manière que l’animal guérisse, on observe des changemens notables dans l’habitude extérieure de celui-ci. Les singes qu’avait choisis Ferrier étaient en général remarquables par leur vivacité et leur intelligence ; après l’opération, ils devinrent mous et apathiques ; se désintéressant de tout, ils cessèrent de fureter, comme par le passé, à droite et à gauche, en soumettant à un examen attentif tout ce qui survenait dans les limites de leur champ d’observation. Nous convenons sans peine que ces conclusions n’ont rien qui entraîne la conviction : il n’y faut voir que de simples indications ; la clinique seule peut décider ici.

Tels sont les résultats fournis par la méthode expérimentale. En se fondant sur les homologies anatomiques et en raisonnant par induction, l’on en a conclu que telle région, qui chez l’homme est l’homologue dételle autre chez le singe et d’autres animaux, doit remplir les mêmes fonctions, et l’on désigne a priori quelles doivent être, dans le cerveau humains les régions motrice, intellectuelle et sensitive.

Ce raisonnement est-il justifié, et les résultats de