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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 octobre 1880.

Avant peu le rideau sera relevé sur la scène parlementaire. D’ici à dix jours, les chambres seront de nouveau réunies pour cette session extraordinaire, qui devient une nécessité périodique depuis qu’il est admis qu’une session ordinaire de six ou sept mois ne suffit plus pour expédier les affaires publiques, pour voter un budget. Les vacances auront pris fin, et malgré tout, à voir d’un regard calme ce qui se passe, ces excitations de partis, ces fureurs de polémiques et de dénigremens, ces confusions d’idées, ces incohérences de direction, on ne peut pas dire que la saison politique recommence dans les conditions les plus favorables. On ne peut pas dire que ce soient là des préliminaires heureux pour une session où le parlement aura nécessairement à s’occuper des intérêts les plus sérieux, où la chambre des députés, quant à elle, aura à prononcer sur son propre sort, sur l’heure de sa dissolution, sur le système d’élection qui présidera au renouvellement de l’assemblée.

Il ne faut rien exagérer sans doute ; ces excitations, même quand des ministres en sont jusqu’à un certain point les complices, ne sont qu’une expression très infidèle et très lointaine de l’état réel de la France. La France, la masse française, laborieuse et paisible, vit en dehors de l’atmosphère des partis. Elle est le plus souvent comme une spectatrice désintéressée de conflits d’opinions et d’agitations où tout le monde invoque son nom. Elle reste pendant ce temps à son industrie, à ses affaires, à toute cette œuvre multiple qui se résout en définitive dans de nouveaux progrès de richesse nationale. On le dit assez, on le disait récemment encore, les recettes publiques, loin de diminuer, ne font que s’accroître. Les droits d’enregistrement augmentent, le droit sur les boissons aug-