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fut marquée par aucune action importante. Le baron des Adrets avait soulevé le Dauphiné et en avait pris possession au nom du prince de Condé. Soubise, qui y avait ensuite pris le commandement, envoya Mirabel au-devant des Suisses et les cantonna à Vimy-sur-Saône. Tavannes, qui commandait en Bourgogne pour le roi, avait pris Châlon ; et les Suisses furent occupés à défendre les approches de Mâcon et prirent part à l’expédition de Tournus, d’où l’on chassa la garnison royale, mais pendant que les protestans perdaient le temps aux environs de Tournus, Tavannes fit une marche de nuit et surprit Mâcon le 19 août. Les protestans essayèrent en vain de reprendre cette ville ; les Suisses furent entraînés dans leur défaite et perdirent deux canons. L’indiscipline semble s’être mise dans ces enseignes libres, enrôlées au mépris des vieilles conventions, mal approvisionnées et mal payées. Les huit enseignes bernoises et les sept enseignes du Valais furent finalement licenciées.

Revenons aux enseignes catholiques qui avaient pris le chemin de la Bourgogne pour aller prendre le service du roi. Ces quinze enseignes, comptant quatre mille cinq cents hommes, s’étaient mises en route le 23 juin 1562 (elles furent rejointes pendant l’automne par huit enseignes, qui portèrent à plus de six mille hommes l’effectif du régiment). Le colonel se nommait Fröhlich et servait la couronne de France depuis quarante ans ; il était de Soleure, qui avait donné trois enseignes ; Lucerne en avait donné trois, Fribourg deux ; le reste venait d’Uri, de Schwyz, d’Unterwalden, de Zug, d’Appenzell, de Saint-Gall et de l’Argovie. Les Suisses passèrent par Pontarlier, Salins, Dôle, Saint-Jean-de-Lône, où ils arrivèrent à la fin de juin et se formèrent en régiment. Tavannes était à ce moment occupé de son entreprise sur Chalon-sur-Saône et sur Mâcon. Il aurait bien voulu garder les Suisses ; mais Fröhlich reçut une lettre du connétable de Montmorency, lui demandant de le rejoindre en toute diligence. il était déjà parti, quand il reçut de nouveaux ordres qui l’arrêtèrent un peu de temps. Il se remit toutefois en route et se rendit de Dijon à Paris en seize jours. Un rapport écrit de Palaiseau le 24 juillet nous montre ensuite les Suisses sur la route d’Orléans ; la marche depuis la Bourgogne s’était faite en bon ordre, partout les populations leur avaient fait bon accueil et leur avaient fourni des vivres en abondance. Fröhlich annonçait que l’armée royale était entrée dans Blois le 4 juillet, que toutes les places entre Paris et Orléans étaient au pouvoir des royaux et qu’on se préparait à assiéger Orléans, qui était la place d’armes du prince de Condé ; douze cents cavaliers allemands avaient rejoint l’armée royale, sous le comte de Roggendorf ; on attendait sous peu le rhingrave Philippe de Salm avec un régiment de