sur beaucoup de points, est évidente d’avance, et j’ai besoin de vous pour l’empêcher d’estropier notre travail. J’ai bien du mal à renoncer au concours de Samarine, d’autant plus qu’il s’offrait enfin pour lui une occasion convenable[1]. Sa nomination comme membre du comité a été écartée, vu son prochain départ pour l’étranger, mais si ces plans pouvaient être modifiés, il serait encore possible de demander pour lui une nomination supplémentaire.
« Un mot de réponse pour me dire quand je puis vous attendre. N’allez pas abandonner une œuvre si bien commencée grâce à vous deux. J’attendrai aussi avec impatience des nouvelles de Samarine. Adieu et merci encore de votre concours. »
Le nouveau comité était, comme on le voit, presque uniquement composé des ministres. Or, parmi ces derniers, plusieurs ne cachaient pas leur antipathie pour les propositions « révolutionnaires » de Milutine ; quelques-uns d’entre eux passaient, du reste, pour ses adversaires personnels. Aussi Nicolas Alexèiévitch devait-il bientôt être obligé de rabattre de son optimisme. Dans ce comité des affaires de Pologne allaient recommencer les anciennes luttes des commissions de rédaction pour l’affranchissement des serfs. Heureusement pour lui, Milutine finit par y avoir pour auxiliaires ses deux amis et compagnons de voyage. Ce n’était pas sans peine qu’il avait obtenu leur entrée dans le nouveau comité. Il avait eu pour cela un double obstacle à vaincre dans les résistances bureaucratiques d’abord, dans les dispositions de ses amis ensuite. Samarine, fatigué et un instant souffrant, avait annoncé l’intention d’aller rétablir sa santé à l’étranger, et le prince Tcherkasski refusait d’entrer au comité sans Samarine. La lettre suivante de Milutine à ses deux amis montre de quelle manière, grâce à l’appui de l’empereur, il triompha de ces premières difficultés et quelles étaient, au sujet de la Pologne, les dispositions des principaux membres du gouvernement.
« 2/14 janvier 1864.
« Je vous écris à la hâte, mes chers amis, sans cependant être sûr d’une occasion. Vous m’avez donné bien de l’inquiétude et de la