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mois après de celle d’un troisième professeur. Enfin, comme un concours pour l’agrégation de philosophie avait été institué, par arrêté du 21 août de la même année, un concours pour l’histoire est aussi décidé par arrêté du 21 novembre ; il eut lieu en septembre 1831. M. Toussenel, maître excellent de tant de générations, fut reçu à cette date. Il y avait trois sortes d’épreuves : une composition écrite ; un examen oral, chaque candidat devant être interrogé pendant une heure par deux autres concurrens « sur plusieurs questions d’histoire, d’antiquités, de géographie ancienne ou moderne, dont le texte, arrêté, par une commission spéciale, aurait été publié quelques mois avant l’ouverture du concours. » La troisième épreuve consistait en une leçon sur un sujet désigné vingt-quatre heures à l’avance. Sauf le nombre des compositions, sauf la différence très considérable, il est vrai, entre cette singulière épreuve orale, mal définie, et que devait remplacer le système actuel d’expositions établi dès l’année suivante, c’était toute la théorie du concours telle qu’elle se retrouve encore à peu près aujourd’hui.

Ainsi, est née du mouvement politique et intellectuel de 1830 cette institution universitaire qui, en fixant notre enseignement historique, a procuré à la jeunesse française, de concert avec les agrégations de philosophie, de lettres et de grammaire, une instruction solide et une éducation vraiment libérale. On a pu modifier, on peut désirer de modifier encore quelques dispositions de l’édifice ; on a pu et l’on pourra, y ajouter ou en supprimer quelques parties secondaires, mais nul, n’a jamais souhaité d’en voir changer les bases.

De 1831 à 1852, pendant vingt et un ans, l’agrégation d’histoire n’eut d’autres vicissitudes que le progrès naturel d’un dessein bien conçu et la succession des professeurs éminens qui y étaient appelés comme juges, sous la présidence de Letronne en 1831 et 1832, de M. Naudet depuis 1833 jusqu’en 1839, puis de M. Saint-Marc Girardin jusqu’en 1851. — Elle disparut cependant en 1852. Si l’on demande par quels motifs le législateur de cette époque la détruisit, la réponse n’est, croyons-nous, écrite dans aucun document officiel ; nous avons vainement recherché les procès-verbaux détaillés du conseil supérieur de l’instruction publique à cette date ; il paraît bien qu’il n’y eut pas de discussion. Les mêmes motifs politiques qui firent disparaître également l’agrégation de philosophie furent mal dissimulés sous le voile d’une imprudente réforme pédagogique. Put-on croire de bonne foi qu’on fortifierait ou qu’on réglerait les esprits en les privant des deux sortes de culture qui sont le plus propres à développer la rectitude du sens et la force ou l’élévation de la pensée ?