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utile, — s’il ne se fait pas écouter, s’il faut aux élèves un effort d’attention pénible, il y a bien à craindre que tout ne soit perdu.

La tâche des élèves, après qu’on les a fait écouter avec intelligence, est de préparer une exposition écrite reproduisant à peu près, avec un effort d’accent personnel, la leçon du professeur, et ne dépassant donc pas un petit nombre de pages. On a, dans l’université, comme le souvenir d’un fléau quand on pense aux longues rédactions de jadis ; nous espérons que ce grand mal a disparu. Cette exposition doit être fort soignée de l’élève, pour le style et pour l’exécution matérielle comme pour l’exactitude historique ; il y peut reproduire en marge les diverses indications da sommaire. Le professeur ne néglige pas de lire et de corriger à la plume, puis de rendre annotés le plus de ces devoirs qu’il lui est possible. Il peut donner à ces annotations un réel prestige en en faisant un moyen de communication fréquente et vraiment personnelle avec les élèves, qu’il verra les attendre avec impatience comme des encouragemens ou les craindre à titre de reproches. Cela l’aidera à s’abstenir des punitions, sinistre héritage que certains professeurs ne connaissent presque plus, et que la diminution du nombre des élèves dans chaque classe fera presque disparaître.

La même méthode d’enseignement paraît bonne aussi, avec des différences à observer, pour les classes supérieures, pour la seconde et la rhétorique. Il s’agit ici d’histoire moderne. Le professeur se trouve en présence d’un programme si complexe qu’il craint d’abord de ne pouvoir y suffire. Ce premier accablement n’est que pour lui ; il sait l’éviter aux élèves en sacrifiant dans ses leçons beaucoup d’épisodes de troisième ordre, en n’accordant qu’une place très mesurée à ceux de second ordre, en commentant par d’intéressantes lectures les matières principales. Il suffira que les élèves possèdent par la mémoire la série de leurs sommaires, sobrement et clairement expliqués, pour que nul important anneau de la chaîne logique ne leur échappe, et que toute information nouvelle fournie par une lecture fortuite, par une conversation imprévue, par une visite à un musée, vienne se placer dans leurs esprits à sa place chronologique et rationnelle. Si l’on objecte que le concours général institué entre les lycées ne s’accommode pas de cette sobriété de l’enseignement historique, peut-être commet-on une erreur, car le bon esprit des juges écartera sans doute certains dangers ; ce serait le concours, en tout cas, dont il faudrait essayer de changer les conditions, plutôt que celles d’une méthode paraissant conforme aux intérêts de l’enseignement en général.

On a quelquefois proposé contre l’accablement qui pourrait résulter des programmes, surtout en histoire du moyen âge ou en histoire moderne, un certain expédient : c’est de renvoyer les