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SOUVENIRS D’ENFANCE

III.
LE PETIT SÉMINAIRE SAINT-NICOLAS-DU-CHARDONNET.[1]


I

Beaucoup de personnes qui m’accordent un esprit clair s’étonnent que j’aie pu, dans mon enfance et ma jeunesse, adhérer à des croyances dont l’impossibilité s’est ensuite révélée à moi d’une façon évidente. Rien de plus simple cependant, et il est bien probable que, si un incident extérieur n’était venu me tirer brusquement du milieu honnête, mais borné, où s’était passée mon enfance, j’aurais conservé toute ma vie la foi qui m’était apparue d’abord comme l’expression absolue de la vérité. J’ai raconté comment je reçus mon éducation dans un petit collège d’excellens prêtres, qui m’apprirent le latin à l’ancienne manière (c’était la bonne), c’est-à-dire avec des livres élémentaires détestables, sans méthode, presque sans grammaire, comme l’ont appris au XVe et au XVIe siècles Érasme et les humanistes qui, depuis l’antiquité, l’ont le mieux su. Ces dignes ecclésiastiques étaient les hommes les plus respectables du monde. Sans rien de ce qu’on appelle maintenant

  1. Voyez la Revue du 15 mars du 1er décembre 1876.