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UN
ROMAN POLITIQUE

Endymion, par lord Beaconsfield ; 3 vol. in-8o ; Londres, Longmans et C°.


I.

Il faut se défier de l’apparente inaction des gens actifs : ils ne sauraient accepter un repos qui leur serait mortel. S’ils paraissent s’effacer, soyez sûrs ou qu’un nouveau champ s’est ouvert à leur activité, ou qu’ils se préparent à rentrer en scène. Lorsqu’en présence d’une députation d’ouvriers M. Gladstone abattait un des arbres de son parc d’Hawarden et faisait voler autour de lui des éclats de bois qui étaient pieusement recueillis, ces vigoureux coups de cognée, dans la pensée du vieil athlète parlementaire, s’adressaient au ministère dont il méditait déjà le renversement ; quand son fils, avec l’imprudente ardeur de la jeunesse, demandait aux visiteurs ébahis : « Ne trouvez-vous pas qu’il a encore la force de conduire le parlement ? » M. Gladstone ne fermait pas cette bouche indiscrète. Les facultés ne sont pas moins fortes et le besoin d’activité n’est pas moins grand cher lord Beaconsfield que chez son illustre rival. La défaite électorales des conservateurs, si complète qu’elle parût, ne pouvait avoir jeté dans le découragement ce vaillant lutteur, doué d’une indomptable ténacité. Lord Beaconsfield ne s’est-il pas comparé lui-même à ce grand général qui disait avoir appris à vaincre à force de perdre des batailles ? A l’ouverture de la session, il a réuni ses amis politiques pour les exhorter à l’union