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moyens de production dépassent momentanément les besoins de la consommation, et une crise dévore les fruits d’une période prospère. Quant aux ouvriers de l’industrie, l’élévation rapide des salaires aux époques d’activité commerciale, et la facilité avec laquelle ils trouvent à s’employer, en passant d’un atelier à un autre, leur ôtent toute inquiétude pour le lendemain, toute appréhension d’un chômage à venir. Il n’en est pas ainsi de l’agriculteur, à qui l’alternance des saisons rappelle constamment la nécessité de la prévoyance, et qui, au milieu de l’abondance de l’été, doit faire la part des besoins de l’hiver. L’épargne, qui exige un effort de volonté de la part de l’industriel, est une habitude et s’impose comme une nécessité au cultivateur. Le peuple italien est laborieux et économe comme tous les peuples attachés au sol pour qui la terre est la principale richesse. Les chiffres que nous avons cités montrent les effets de ces sages habitudes contractées à l’école de la nature. Ainsi l’Italie travaille, elle développe les ressources de son sol fécond, elle économise et elle accumule ses épargnes. On en peut conclure en toute sûreté que, si le gouvernement italien est en mesure d’entreprendre l’abolition du cours forcé, la situation économique de l’Italie est favorable au succès de cette importante opération.

Par quelle voie et dans quelle mesure se procurera-t-on tes métaux précieux nécessaires ?

La circulation fiduciaire de l’Italie s’élevait, en 1879, à 1,672 millions ; mais, bien qu’elle jouisse tout entière du privilège de l’inconvertibilité, il est indispensable d’en faire deux parts distinctes, La première se compose des billets émis par la Banque nationale du royaume, la Banque nationale de Toscane, la Banque toscane de crédit, la Banque romaine, la Banque de Naples et la Banque de Sicile, pour leur compte particulier et sous leur responsabilité propre, par suite des escomptes, des avances sur valeurs et des autres opérations qu’elles peuvent faire en leur qualité d’établissemens die crédit. La seconde paît comprend uniquement les billets émis par les six banques syndiquées sur la réquisition et pour le compte du gouvernement Ces derniers billets constituent seuls orne dette de l’état envers le public, ils sont seuls un papier-monnaie. Les émissions propres aux six banques sont éminemment variables, puisqu’elles sont subordonnées à l’importance des opérations de ces établissemens : l’émission pour le compte de l’état est demeurée stationnaire depuis plusieurs années ; elle se maintient aux environs de 900 millions.

M. Magliani propose au parlement italien de contracter à l’étranger, — et ici l’étranger ne peut être que la place de Paris, principal marché des fonds italiens, — un emprunt de 650 millions. Il se tient pour assuré, et il a dû puiser cette confiance dans des pourparlers