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européens. 250 millions devront être fournis en argent, et dans cette somme seront compris 79 millions de monnaies divisionnaires italiennes que les états de l’union latine ont retirés de la circulation et ont remis au gouvernement français. Le gouvernement italien s’est engagé à nous les reprendre au moyen de paiemens échelonnés, et il nous sert un intérêt dont il se trouvera affranchi, en même temps qu’il évitera la dépense que lui occasionnerait la frappe de nouvelles pièces. Les embarras dans lesquels l’empire d’Allemagne s’est jeté gratuitement en voulant passer sans transition de l’étalon d’argent à l’étalon d’or ont été un avertissement pour M. Magliani. Il veut sagement conserver pour son pays le double étalon avec la sauvegarde que les règlemens de l’union latine assurent contre un monnayage excessif de l’argent. Non-seulement l’Italie est absolument dépourvue de monnaies divisionnaires, qui ne peuvent être frappées qu’en argent, mais les états avec lesquels ses rapports commerciaux sont les plus constans et les plus actifs n’ont que l’étalon d’argent, comme l’Autriche-Hongrie, ou ont le double étalon, comme les nations qui composent l’union latine. Elle agit donc sagement en se réglant sur ses plus proches voisins.

La grande préoccupation du ministre paraît avoir été de ne point changer les conditions actuelles du marché italien par une diminution dans le nombre des instrumens d’échange. L’approvisionnement monétaire de l’Italie s’élève en ce moment à 2 milliards 200 millions, dans lesquels le papier-monnaie entre pour 16 à 1,700 millions et les espèces métalliques qui forment les encaisses du trésor et des banques d’émission pour un peu plus de 200 millions. Le ministre évalue à 300 millions les espèces métalliques qui circulent encore dans les provinces frontières, où elles sont maintenues ou ramenées par les rapports quotidiens avec l’étranger, et celles que les particuliers conservent et cachent par précaution. Cette évaluation ne paraîtra point exagérée à ceux qui savent quelles quantités d’espèces d’or et d’argent avaient été mises en réserve après 1870, par les particuliers un peu aisés, désireux de s’assurer une ressource pour les cas d’urgence. Ces pièces d’or et d’argent sortirent de leurs cachettes dès que la Banque de France eut recommencé à donner indifféremment des espèces ou des billets. De même, les monnaies pontificales et napolitaines, qui doivent exister encore en quantités notables, reverront la lumière du jour dès que le cours forcé aura été supprimé. On avait estimé, d’après les frappes officielles, à 100 millions la valeur des monnaies italiennes qui avaient dû émigrer à l’étranger : cependant les états de l’union latine n’en ont pu retirer que pour 79 millions. Il n’est pas à supposer que