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transporter gratuitement ces derniers en poste et à les nourrir en route, plutôt que de construire certaines lignes comprises dans le programme Freycinet.

L’intention qui a provoqué le décret cité plus haut n’en était pas moins excellente, mais il était imprudent de réunir et de faire étudier par les mêmes hommes des questions aussi diverses et qu’il eût été bien plus simple de traiter séparément. Pour appartenir toutes plus ou moins à ce qu’on est convenu d’appeler le régime des eaux, il ne s’ensuit pas nécessairement que ces questions aient entre elles aucune connexité, que les savans dont les recherches ont porté sur l’utilisation des eaux d’égout soient en mesure d’indiquer les moyens d’accroître les forces motrices, et que les administrateurs qui ont à s’occuper de l’alimentation des villes en eaux potables sachent par quels travaux on peut, sinon empêcher, du moins atténuer les ravages des inondations.

Il ne faut pas dans ce monde abuser de la synthèse, ni, pour tout embrasser à la fois, voir les choses de trop haut. A chaque jour suffit sa peine et, dût-on passer pour ministre terre à terre, il est plus sage de traiter les affaires les unes après les autres, et de ne soumettre aux chambres un projet de loi que lorsqu’on sait exactement ce qu’on veut et le but vers lequel on tend ; c’est le seul moyen de faire œuvre durable et de ne pas exposer le pays à payer les frais des écoles qu’on a faites.

Des différens rapports auxquels les études de la commission des eaux ont donné lieu, l’un des plus intéressans est celui de M. Faré, ancien directeur-général des forêts sur les moyens de prévenir les inondations en montagnes Ce : rapport a provoqué la présentation d’un projet de loi qui a déjà été l’objet d’une discussion.au, sénat, et qui modifie les lois de 1860 et de 1864, actuellement en vigueur sur le reboisement, et le regazonnement des montagnes., Sans entrer dans l’étude détaillée des dispositions actuelles et des, modifications qu’on propose, nous allons exposer le problème dans son ensemble et indiquer la solution qu’il nous paraît comporter. De cet exposé on pourra conclue les divergences, qui nous séparent du projet voté par le sénat et qui, nous l’espérons, ne subira pas sans être amendé l’épreuve d’une nouvelle délibération.


I

Quelque opinion que l’on ait sur l’influence météorologique des forêts, influence, dont nous avons ici même cherché à démontrer l’importance[1], il est un fait sur lequel tout le monde est

  1. Voyez dans la Revue du 1er juin 1875, Étude de météorologie forestière.