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principes généraux qui devaient guider l’administration dans cette entreprise. Plus tard, M. Marchand, garde général des forêts, reçut la mission d’aller en Suisse examiner les travaux du même genre exécutés dans ce pays et rapporta de ce voyage des observations très précieuses qui furent consignées dans un mémoire des plus intéressans. D’un autre côté, deux agens supérieurs de l’administration, M. Costa de Bastelica, ancien conservateur des forêts à Gap, et M. Demontzey, d’abord inspecteur à Nice, aujourd’hui conservateur à Aix, se consacrèrent tout entiers à l’œuvre du reboisement. Ils passèrent dans les Alpes la plus grande partie de leur carrière administrative, surveillant eux-mêmes les travaux et dirigeant les agens sous leurs ordres ; c’est à eux qu’on doit en grande partie les remarquables résultats obtenus jusqu’ici. A la suite d’un concours ouvert par l’administration, M. Demontzey écrivit un volumineux mémoire[1] qui fut publié aux frais de l’état et qui expose la théorie complète des procédés d’exécution. C’est en quelque sorte un manuel pratique qui énumère toutes les difficultés en présence desquelles on peut se trouver et qui indique les moyens de les surmonter. La traduction qui vient d’en être faite en allemand, par ordre du gouvernement autrichien, donne la mesure de l’estime que cet ouvrage s’est acquise à l’étranger.

La première question qui se présente, quand on se trouve en présence d’une montagne ravinée, est celle du tracé du périmètre des terrains à restaurer. On ne saurait évidemment se limiter aux berges des torrens et du bassin de réception, car ces berges, incessamment minées par le bas et toujours en mouvement, continueraient par leurs éboulemens à élargir le bassin de réception si les terres voisines n’étaient elles-mêmes fixées par la végétation. M. Surell a indiqué, dès 1841, les règles à suivre, et l’expérience en a confirmé la justesse.

« On commencerait, dit-il, par tracer sur l’une et l’autre des deux rives du torrent une ligne continue qui suivrait toutes les inflexions de son cours, depuis son origine la plus élevée jusqu’à la sortie de la gorge. La bande comprise entre chacune de ces lignes et le sommet des berges formerait ce que j’appelle une zone de défense. Les zones des deux rives se rejoindraient dans le haut, en suivant le contour du bassin, et borderaient ainsi le torrent dans toute son étendue, de même qu’une ceinture. Leur largeur, variable avec les pentes et avec la consistance du terrain, serait d’environ 40 mètres dans le bas, mais elle croîtrait rapidement à mesure que

  1. Étude sur les travaux de reboisement et de gazonnement des montagnes, par M. Demontzey.