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On peut allumer les soufflards. et on le fait sans danger ; c’est même un moyen de se débarrasser du gaz. On les a quelquefois captés et conduits par des tubes comme le gaz d’éclairage, soit dans la mine elle-même, soit dans des villages voisins, même à un phare sur la côte de Whitehaven.

A l’origine, on n’exploitait que les mines à fleur du sol ; mais peu à peu, après l’augmentation des besoins et les perfectionnemens mécaniques de l’exploitation, on s’est risqué à toutes les profondeurs, jusqu’à 630 mètres. On ne s’arrêtera pas là. Si l’on veut se faire une idée de ces témérités redoutables, il faut se rappeler que le Panthéon a 70 mètres de hauteur et que c’est la neuvième partie de la profondeur de ces mines ; ceux qui ont une fois gravi cet édifice comprendront la fatigue des hommes qui seraient obligés pour sortir des mines de faire une ascension neuf fois plus longue. Or il est clair que le poids superposé de toutes les couches supérieures doit augmenter la pression du grisou et que, dans les mines profondes, les dangers qu’il crée s’augmentent en même temps que toutes les difficultés de l’extraction.

Voici une autre conséquence de ces profondeurs. La pression barométrique, qui va diminuant quand on s’élève, augmente lorsqu’on descend. Elle prend dans les mines une valeur beaucoup plus grande qu’au niveau du sol ; mais les variations de cette pression se font sentir en bas comme en haut, un peu plus en bas qu’en haut ; or le grisou, enfermé dans les charbons, se tient en équilibre entre sa tension qui le porte à s’échapper et celle de l’air qui le maintient enfermé. Il devra donc sortir si le baromètre baisse, rentrer s’il monte ; le régime d’une mine devra donc se ressentir de l’état du ciel, et d’autant plus qu’elle en est plus éloignée, c’est-à-dire plus creuse. Il faut en dire autant de la température ; plus on descend, plus elle augmente, parce que l’on s’approche de la masse interne ; mais comme il faut assainir la mine, on y fait arriver, par une ventilation énergique, un courant d’air qui la rafraîchit. Ce courant, qui est chaud pendant l’été et qui est froid pendant l’hiver, imprime aux galeries des températures variables, et la production du grisou s’active quand il fait chaud, se ralentit quand il fait froid. Voilà donc deux causes de variations et de dangers dont les influences pourront ou se réunir ou se combattre suivant les cas.

Il faut ajouter, pour compléter ce raisonnement, que l’exploitation laisse vide l’espace primitivement occupé par la houille entre le sol et le toit de la veine. Étayer ce toit qui tend à s’effondrer est une des plus pressantes préoccupations du mineur. De là des soutiens de bois ou boisages, des piliers ou des murailles en maçonnerie. A mesure qu’on avance, on tasse en arrière dans les