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cause du frottement, plus vite dans l’axe de la galerie, où ses mouvemens sont plus libres ; il se comporte comme un cours d’eau dont le courant est très inégal en ses divers points ; il a ses remous, ses points immobiles ; il s’arrête sous le toit quand celui-ci est bombé en forme de cloche, et souvent il y laisse un réservoir dangereux. Il faut prendre le soin de rendre sa vitesse aussi égale qu’il est possible, en brassant l’air. Agricola, qui écrivait au XVIe siècle, recommande de fouetter l’air avec des verges ou avec les vêtemens étendus des ouvriers.

La vitesse de cet air doit être faible, être comprise entre 1m,20 et 0m,60 par seconde. Trop grande, elle empêcherait l’air pur de se mêler à celui qu’on veut chasser, et de plus elle ferait sortir la flamme des lampes, ce qui produirait l’explosion. On mesure cette vitesse avec soin pour la pouvoir régler au moyen d’appareils très ingénieux et très nombreux. Quelquefois on se contente de verser de l’éther ou d’allumer de l’amadou en un point et de compter le temps que met l’odeur pour être transportée par le courant à un autre point éloigné du premier. Mais les ingénieurs ont des procédés plus scientifiques à leur disposition, des anémomètres qui sifflent ou sonnent quand la vitesse dépasse les limites assignées ; l’un d’eux porte le nom caractéristique de mouchard à cause des avertissemens qu’il donne. Il y a peu de besoins qui aient été plus étudiés et auxquels on ait mieux satisfait que cette mesure de la vitesse.

Chaque mine oppose à ce mouvement de l’air une certaine résistance, grande quand la galerie parcourue est longue et étroite, beaucoup moindre quand on divise le courant et que le couloir est large ; mais, dans tous les cas, on peut assimiler cette résistance totale à celle que le même courant éprouverait à travers une ouverture percée dans une cloison mince. A cause de cela, cette ouverture se nomme l’orifice équivalent, c’est-à-dire l’orifice qui opposerait la même résistance au courant d’air allongé de la mine. Cette ingénieuse idée, due à M. Murgue, permet de classer les mines entre elles. Celles de Belgique ont un orifice égal à 0mc,8, celles d’Angleterre à 1mc,8 ; les premières sont étroites, les dernières larges ; celle de Hetton, la plus grande de toutes, est de 4mc,3. Plus une mine est large, plus on pourra y envoyer d’air sans grande vitesse, et l’on conçoit la nécessité d’élargir les mines trop étroites ; celle de Créal avait à l’origine un orifice de 0mc,63, on l’a portée depuis à 0mc,92 et en dernier lieu à 1mc,13.

Il nous reste à dire comment on parvient à mettre en circulation les énormes quantités d’air nécessaires à l’aérage d’une mine. Il y a plusieurs moyens. Le premier est l’aérage naturel. Les deux