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Belgique par une ordonnance royale de 1874 ; mais il paraît que tous se valent à peu près. M. Dombre ne craint pas de déclarer que tous les systèmes connus ou à trouver offrent à peu près les mêmes qualités ; c’est tout au plus si, dans des conditions habituelles, il y en a un qui soit plus commode que les autres. Cela veut dire que toutes les lampes suffisent quand il y a peu de danger, et qu’elles ne suffisent plus quand il y en a beaucoup. On recommande de les tenir au plus bas de la mine, d’éviter de les agiter, de les pendre au collier des chevaux ou de les accrocher aux wagons de service, en contre-vent, au besoin de les garantir d’un courant d’air avec la main ou avec un pan de vêtement.


VI

On voit par ce qui précède combien ont été nombreux et efficaces les travaux accomplis dans tous les sens pour rendre moins meurtrière l’industrie des houilles : étude des propriétés du gaz, ventilation, éclairage, tout a fait des progrès, mais c’est peut-être aux mesures d’ordre, de surveillance, que l’on doit le plus. Aussi, dans tous les pays, des règlemens, des lois spéciales et des peines sévères ont-ils été édictés contre les délinquans. C’est un point que la commission n’a point encore abordé, mais où elle arrivera nécessairement, car c’est là sa raison d’être. Pour montrer combien ces lois de prudence sont nécessaires, je vais faire le compte exact des victimes sacrifiées chaque année à cette industrie nécessaire. Parmi les nombreuses statistiques qui ont été publiées, je choisirai celle de M. Dickinson, officiellement adressée au secrétaire d’état du Royaume-Uni. C’est la plus complète et la plus sûre, puisqu’elle porte sur un très grand nombre d’années, de mines et d’ouvriers.

On y voit tout d’abord qu’en 1870, 352,000 ouvriers environ/ sont descendus tous les jours dans les puits d’Angleterre et d’Ecosse, et qu’au bout de l’année 1,000 d’entre eux y ont trouvé la mort. C’est pendant toute une année, et en faisant la somme de tous les accidens, 1 victime sur 352 personnes. Ces chiffres, outre qu’ils donnent une idée respectable de cette industrie, sont de nature à la réhabiliter dans une certaine mesure. On voit qu’elle est en réalité moins meurtrière qu’on le croit, qu’il y a beaucoup de métiers encore plus terribles, et que l’inquiétude publique peut se calmer. Ce sentiment se confirme si l’on suit les progrès du mal depuis 1831 jusqu’en 1870 ; le nombre des mineurs a beaucoup augmenté, de 216,000 à 352,000, et celui des accidens ne s’est point accru, ni celui des victimes. Enfin, si dans ces listes funèbres on fait la part exclusive du grisou, on voit que les accidens