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On comprend sans trop de peine qu’il n’y ait rien à faire pour les éboulemens. La prudence de l’ouvrier peut jusqu’à un certain point les éviter, comme sa témérité l’y exposer. Mais on est douloureusement ému en voyant le nombre de personnes tuées dans les puits pendant leur descente au fond et leur retour au jour. 3,102 personnes ont péri par cette cause en 20 ans, le grisou en a pris 4,700, ce qui n’est pas beaucoup plus. N’y a-t-il donc aucun moyen de faciliter un voyage aussi dangereux, aussi meurtrier que le grisou lui-même, ou plutôt quelle dépense faudrait-il ajouter à celle de l’exploitation pour organiser des trains qui donneraient plus de sécurité ? C’est une question que le public peut poser, que les législateurs doivent discuter et les exploitans subir ; question dont la solution est loin de dépasser les ressources de la mécanique.

Je trouve dans une autre statistique publiée par M. Mathet, ingénieur en chef à Blanzy, l’occasion de faire d’autres remarques tout aussi importantes. Cette statistique est relative aux explosions survenues au bassin central ; elle comprend vingt-cinq années, de 1851 à 1876, et vingt et une explosions. On peut la diviser en deux périodes : la première de 1851 à 1862 comprenant onze années, la deuxième de 1862 à 1876, soit quatorze ans. Dans la première, il y eut quatorze explosions ; dans la deuxième, qui est plus longue, il n’y en eut que sept. Pendant la première, les explosions ont été produites six fois par des lampes mal fermées, quatre fois parce que leur treillis avait rougi, et quatre fois par un coup de mine ; dans la deuxième, une seule fois par le fait de la lampe, six fois par l’inflammation d’une mine.

Enfin, les quatorze explosions de la première période n’ont fait que 116 victimes, 8 en moyenne, et les sept de la seconde ont tué 327 ouvriers, soit 47 pour chacune. Ceci conduit avec la dernière évidence aux quatre conclusions suivantes : 1° que le nombre des explosions a considérablement décru, ce qui témoigne d’une bonne administration ; 2° que les explosions produites par l’imperfection ou le mauvais état des lampes ont entièrement cessé : le matériel avait été amélioré ; 3° qu’il n’y a plus qu’une seule cause d’explosions, c’est le tirage des coups de mine ; 4° que les explosions, si elles diminuent de fréquence, deviennent de plus en plus redoutables et meurtrières.

L’intérêt particulier qui ressort de ces conclusions nous oblige à quelques développemens. A mesure qu’on épuise la veine, les travaux s’éloignent et s’avancent en rayonnant. Il faut continuer les galeries, rejoindre les veines superposées, ou celles que des failles, c’est-à-dire des changemens de niveau, ont interrompues, se débarrasser des roches qui interrompent l’avançage et faire