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Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 44.djvu/134

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LE
COMTE DE MONTLOSIER
ET LES
LUTTES RELIGIEUSES SOUS LA RESTAURATION
D’APRÈS DES DOCUMENS INÉDITS[1]


I.

La restauration n’a pas eu seulement l’honneur d’apprendre à la France les conditions véritables du régime constitutionnel; elle a présenté aussi l’émouvant spectacle de la tentative faite par un gouvernement peu confiant, il est vrai, dans cette œuvre, pour replacer le clergé français sur le terrain de la déclaration de 1682. Si cette tentative a échoué, ce ne fut certes pas la faute de l’homme dont nous faisons connaître la vie et les œuvres. Instigateur passionné et convaincu de cette lutte, il en supporta lui seul presque tous les coups, résolu qu’il était à pousser jusqu’aux dernières conséquences ses principes gallicans.

Le comte de Montlosier avait soixante-dix ans; il vivait de plus en plus dans sa retraite de Randanne, occupé à défricher et à planter, venant de temps à autre à Paris ranimer sa verve, entretenant une active correspondance avec le monde élevé de l’opposition, dévorant tout livre de controverse qui paraissait, n’étant indifférent à rien et ayant gardé en lui-même un foyer d’ardeur batailleuse qui s’étendait aux plus petites choses. Une querelle, aujourd’hui oubliée, de l’académie des belles-lettres de Clermont avec le préfet

  1. Voyez la Revue du 15 décembre 1874, du 1er mai 1879 et du 1er mars 1880.